Le 25 septembre dernier, Orange finissait d’installer le câble sous-marin « Amitié », financé par Facebook. Pour ce troisième opus de notre rubrique cyber-technique, nous avons décidé de nous pencher sur ces fameux câbles, infrastructure essentielle et mystérieuse de l’internet mondial.
Ce 25 septembre 2021, l’opérateur des télécommunications Orange a installé le câble sous-marin « Amitié » financé par Facebook. Ce câble de 6800km de long arrive sous des plages de sable près de Bordeaux pour transporter des volumes gigantesques de données numériques entre le Massachusetts américain, Bude en Angleterre et la commune de Le Porge en Gironde. Il devrait être opérationnel début 2022 dès la connexion effectuée à la station d’arrivée, puis à de vastes data-centers de Bordeaux encore en cours d’installation. Le 13 mars 2020, c’était un câble de Google qui, par le biais d’Orange là encore, se branchait à la plage de Saint-Hilaire-de-Riez en Vendée pour connecter la France à Virginia Beach aux États-Unis (dans l’état de Virginie). Le sans-fil d’aujourd’hui s’incarne par la multiplication des câbles sous-marins. Comme l’écrit Nicole Starosielski, auteure de The Undersea Network, « c’est en regardant vers le bas plutôt que vers le ciel que l’on peut apercevoir au mieux l’infrastructure actuelle des réseaux ». Ces infrastructures massives, dont dépend tout l’internet mondial, sont pourtant relativement discrètes quand elles ne sont pas tout simplement ignorées. Évidemment, cette discrétion n’a rien de contingent : elle est une stratégie à long terme qui vise à sécuriser et centraliser le pouvoir lié à la maîtrise de la communication, et ce au moins depuis le 19e siècle et la formation des empires coloniaux. La nouveauté, aujourd’hui, se situe dans l’identité des poseurs de câbles et leurs intentions. Puisque Facebook impose son amitié par le câble, il est urgent de discuter ces infrastructures qui font aujourd’hui l’objet de guerres pour l’hégémonie à l’échelle mondiale.
À travers ce rapide parcours au fond des océans et dans le sillage de l’ouvrage de Starosielski, nous essaierons de montrer en quoi l’infrastructure des câbles a quelque chose de contre-intuitif, qui fait mentir à peu près tous les discours publicitaires dont s’entoure l’internet mondial : « Elle est filaire plutôt que sans-fil ; semi-centralisée plutôt que distribuée ; territorialement ancrée plutôt que déterritorialisée ; précaire…
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Auteur: lundimatin