Cadavres non décomposés, cimetières engorgés

Drancy (Seine-Saint-Denis), reportage

Au cimetière communal de Drancy (Seine-Saint-Denis), l’heure est aux préparatifs de la Toussaint. Entre les bruyères et les chrysanthèmes, on a déposé, sur les tombes délaissées, de petits messages sur papier fluo : « La famille titulaire de cette concession qui arrive à expiration est invitée à se présenter pour le renouvellement à la mairie. »

Des avertissements similaires, les équipes en ont affiché 540 cette année, en prévision des visites de la fête catholique. Les locataires ont trois ans pour renouveler la concession, faute de quoi elle sera reprise administrativement. Les restes seront alors déplacés dans l’ossuaire. Le but : gagner de la place dans ce cimetière ne pouvant accueillir que 8 400 défunts. Le temps des concessions à perpétuité est terminé : « On a arrêté d’en octroyer depuis longtemps par manque de place », dit Lénaïc Villa, responsable du cimetière de Drancy. Les ossements, eux non plus, ne peuvent s’accumuler indéfiniment. « Quand notre ossuaire est plein, on doit restocker les boites dans celui de La Courneuve », précise-t-il.

Le regroupement de corps peut aussi être le choix des familles, pour libérer de l’espace dans leur caveau. Et sur le papier, cela semble une bonne idée : au plus tôt cinq ans après l’inhumation, comme prévu par la loi, les ossements peuvent être réunis dans de petits coffres, eux-mêmes laissés dans la tombe. Mais en pratique, les fossoyeurs ont parfois des surprises. « On a fait une exhumation d’un corps qui datait de 1969, il était toujours quasiment complet ! se souvient Lénaïc Villa. Même chose avec des personnes mortes dans les années 1980. J’ai vu des corps enterrés l’un au-dessus de l’autre. Celui du dessus, pourtant plus récent, n’était que squelette ; celui du dessous, pas encore. »

Le responsable ne sait pas expliquer ce phénomène. Et tant que la tombe n’est pas ouverte, on ne peut pas être certain de l’état de décomposition. Ces mauvaises surprises surviennent plusieurs fois par an. « Pour des personnes mortes il y a six ou sept ans, c’est encore plus fréquent », assure-t-il. Et cela arrive quelle que soit la localisation dans le cimetière : impossible, donc, d’émettre l’hypothèse d’un zone particulière qui aurait mieux conservé les défunts. Ces retards de décompositions viennent ajouter une difficulté supplémentaire à un cimetière qui compte déjà ses locataires.

« Cadavres de cire »

Depuis une quinzaine d’années,…

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Auteur: Reporterre