Cadeaux de Noël : la fabrication de nos appareils numériques a une énorme empreinte carbone

La période des fêtes arrive à grands pas et vous cherchez à offrir des appareils électroniques à vos proches ? Téléphones intelligents, consoles vidéos, tablettes, liseuses, montres connectées, ordinateurs, batteries externes ; le moins qu’on puisse dire, c’est que les options sont nombreuses.



Read more:
En construction, mieux vaut préconiser le bois pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments

Mais, en tant que consommateurs de ces produits, sommes-nous vraiment conscients de l’énorme coût carbone associé à tout le cycle de vie de notre cadeau, de la fabrication, à l’utilisation et à la fin de vie de ces appareils électroniques ? Dans un article publié récemment, mes collègues et moi avons montré que l’empreinte carbone associée à l’utilisation des services numériques (regarder des films et de séries en diffusion en continu, écouter de la musique, envoyer des courriels, faire des rencontres en visioconférence) est dominée par la fabrication des appareils électroniques.

En tant que chercheurs travaillant sur les impacts environnementaux des systèmes économiques, nous pensons qu’il est important d’alerter les utilisateurs de services numériques sur les enjeux associés à la production de leurs appareils électroniques. Nous fournissons également quelques trucs et astuces à celles et ceux qui souhaitent offrir un produit électronique comme cadeau.

Une production effrénée de produits électroniques et de déchets

Le trafic de données numériques est passé de 100 Go par jour en 1992 à 46 000 Go par seconde en 2017, et pourrait atteindre 150 000 Go par seconde avant la fin de 2022. La numérisation de notre société s’est également accompagnée d’une utilisation intensive d’appareils électroniques.

En 2019, les quatre milliards d’utilisateurs de services numériques dans le monde possédaient 34 milliards d’appareils numériques. Le nombre d’appareils électroniques connectés à l’internet devrait atteindre 200 milliards d’unités d’ici 2030.

La production effrénée d’appareils électroniques produite chaque année génère aussi une quantité importante de déchets électroniques à traiter en fin de vie. On estime que le monde a généré 53 millions de tonnes de déchets électroniques en 2019, dont seulement 17 % ont été recyclés. En moyenne, un Canadien génère 20 kg de déchets électroniques par an.

L’empreinte carbone des appareils électroniques

Dans un article publié récemment, nous avons créé plusieurs profils d’utilisation de services numériques (intensif, modéré et consciencieux) afin de comparer l’empreinte carbone des utilisateurs en fonction d’un certain nombre de paramètres. On parle notamment du nombre d’appareils électroniques achetés, le modèle et le temps que les consommateurs décident de les garder.

Uniquement à cause de la fabrication des appareils électroniques, l’empreinte carbone varie de 90 kg à 327 kg d’éq. CO₂ par an.

Pour mettre ces chiffres en perspective, il suffit de les relativiser par rapport au budget carbone disponible pour chaque habitant de la terre (2,1 t éq. CO₂ par an) afin de respecter les accords climatiques. À titre comparatif, les émissions par personne des Québécoises et Québécois représentent en moyenne près de 10 t éq. CO₂ par an. On estime ainsi que le poids annuel de la fabrication des appareils électroniques dans le budget carbone des utilisateurs varie entre 4 % (utilisateur consciencieux) à 16 % (utilisateur intensif).

Empreinte carbone de la fabrication des appareils électroniques en fonction des profils des utilisateurs.
(Luciano Rodrigues Viana), Fourni par l’auteur

Le budget carbone des utilisateurs peut être encore plus compromis lorsqu’on y ajoute la consommation d’électricité des appareils électroniques. Un utilisateur intensif en Alberta consommerait ainsi 25 % de son budget carbone (électricité très carbonée). Ces chiffres s’élèvent à 17 % pour le même profil d’utilisation au Québec (électricité bas carbone).

N’oublions pas qu’il faut également ajouter à ce budget carbone ce que nous mangeons, les transports que nous utilisons, nos vacances, nos voyages d’affaires, nos vêtements, le chauffage de notre maison, et j’en passe. Bref, vous…

La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Luciano Rodrigues Viana, Doctorant en sciences de l’environnement, Département des sciences fondamentales, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)