Café, crevettes… protéger la biodiversité se joue aussi dans nos assiettes

Et si nous renoncions au saumon et au chocolat pour aider à sauver la faune et la flore ? Selon le rapport Afterres2050 consacré à la biodiversité, publié le 10 novembre par l’association Solagro, il faut en tout cas modifier son alimentation. La « préservation de la nature ne peut s’envisager sans une remise en cause profonde de nos consommations », écrit-elle.

Et cela passe par la sobriété « comme prérequis non négociable », et en particulier dans nos assiettes. Bien sûr, la baisse de la consommation de viande, dont la production nécessite d’importer beaucoup de soja reste un enjeu majeur — l’Europe importe près de 90 % du soja qu’elle donne à son bétail. Solagro rappelle qu’une des principales solutions consiste à diminuer de 50 % notre consommation de viande et de 20 % celle de produits laitiers. Et de privilégier les protéines végétales, notamment les légumineuses, dont il faudrait augmenter notre consommation par cinq. Manger moins d’aliments tropicaux, comme le cacao, le café ou les crevettes s’avère aussi indispensable. C’est l’une des douze actions listées par Solagro pour préserver la biodiversité.

La forêt tropicale remplacée par la culture de cacaoyers en Côte d’Ivoire

En matière de cacao, l’exemple de la Côte d’Ivoire révèle à lui seul comment nos consommations quotidiennes (ou presque) peuvent être dévastatrices. « La production de cacao en Côte d’Ivoire est une des raisons majeures de disparition de la forêt tropicale de ce pays », affirme le rapport. En 1961, le pays produisait 85 000 tonnes de cacao. En 2019, il en a produit… 2 180 000 tonnes, soit vingt-cinq fois plus. Pour cela, la surface de cacaoyers a dû être multipliée par plus de dix-huit. Conséquence implacable : la surface de la forêt tropicale, elle, a été divisée par cinq.

Sont aussi pointées du doigt les crevettes, fruit de mer le plus consommé en France, mais dont l’élevage est le principal responsable de la destruction des mangroves. Depuis les années 1970, les Français consomment trois fois plus de crevettes. Or, la production française est très limitée : seulement 350 tonnes de crevettes roses et 50 tonnes de crevettes impériales sont élevées dans les claires à huîtres. Aussi importons-nous chaque année 84 000 tonnes de crevettes, principalement de l’Équateur, d’Inde, du Vietnam et de Madagascar. 56 % proviennent de l’aquaculture et seraient responsables de la destruction de 43 000 hectares de mangroves.

La France importe chaque…

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Auteur: Fabienne Loiseau Reporterre