Camarades, encore un effort si vous voulez être féministes

Je ne suis pas féministe. Écrivant cela, je m’étonne. Mais alors, si je ne suis pas féministe, à quoi bon ce titre provocateur ? et ce mot de féministe dans le titre ? C’est peut-être le féminisme tel qu’il se présente ces temps-ci qui m’oblige à me poser une question cinglante. Et je n’aime pas les coups cinglants. N’est-ce pas eux d’ailleurs que le féminisme est censé « combattre », entre autres ? Dans un récit de Chaïm Potok, un vieux juif viennois rescapé de la Guerre de 14-18, pose de manière lancinante cette question en yiddish : « Warum ? » Pourquoi ? C’est un mot que l’on devrait dire plus souvent. Avec sérieux, à la manière des enfants. Sans craindre le ridicule. Pourquoi ? pourquoi cette guerre ? pourquoi encore une guerre ?

Et ne pas lâcher prise avant d’avoir apporté quelques réponses, à la manière d’un philosophe des siècles passés, quand les réponses n’étaient pas à portée d’un clic. À portée d’une opinion prête-à-porter. Quand on allait chercher les réponses pour leur faire cracher quelques bribes de vérité. Quelques bribes seulement, parce que la vérité n’est pas à notre portée. Au lieu de soutenir à coups de phrases toutes faites, mais à défaire, un camp ou un autre, il nous faudrait regarder la guerre en face. La mort est la mort, elle n’a ni frontières, ni pays. Ce qui change, c’est son instrumentalisation.

Nous avons été ensevelis sous les slogans et les formules, suffisamment accrocheurs ou violents pour paralyser en nous tout besoin d’analyser. L’exaltation à scander des mots clés, des phrases d’accroche, des appels à la violence, est plus forte que la nécessité de comprendre. Peut-être avons-nous peur des réponses qui pourraient être données : et si elles ne correspondaient pas exactement à l’idée de la guerre ? telle qu’on me la fait avaler en tonneaux ? Le langage de la guerre. Les mots. Le gavage par tombereaux entiers de vocabulaires.

Les objets et les choses, ce sont les autres qui se les prennent sur la tronche. De ce côté de la plaque tournante, et pour le moment, nous sommes seulement aux prises avec le langage de la guerre secondé par le langage de la propagande. Où chacun exprime ses vœux, son opinion, ses alliances. A est de tel bord de la feuille de journal, B de l’autre bord. A est du côté de C. B du côté de D. A+C= opinion 1. B+D= opinion 2. Les deux opinions n’ont en commun que la haine de l’autre. C’est leur dénominateur commun : la haine. Mais la haine étant…

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Auteur: lundimatin