CAMILLE 3 POLICE 0

En son temps, le mouvement des Gilets Jaunes avait mis le projecteur sur la police et sa répression brutale. Personne ne pouvait alors continuer d’ignorer l’ampleur du phénomène. Il est par contre plus simple de fermer les yeux sur les suites de la chaîne répressive, dans les prétoires, souvent moins spectaculaires et disséminées dans le temps mais aboutissant à des centaines de condamnations plus ou moins aberrantes et absurdes. On en trouvera ici un aperçu, certes minimal, à travers le récit des tribulations de Camile H, dont nous avions déjà relayé l’histoire l’année passée. Observatrice des manifestations GJ pour la Ligue des Droits de l’Homme, elle avait été relaxée à deux reprises pour des accusations fantaisistes. Cette fois, c’est elle qui portait plaintes pour « injures publiques » par personne dépositaire de l’autorité publique…

Le 1 juillet 2021 s’est jouée la troisième manche opposant Camille H. à la police, en l’espèce le chef-adjoint de la BAC – Brigade Anti Criminalité – de Montpellier, Daniel B.

Les deux premières fois c’est elle qui était poursuivie devant le tribunal correctionnel : d’abord pour « entrave à la circulation », ensuite pour « dissimulation du visage », « rébellion » (envers la personne du commissaire divisionnaire Buil) et « refus de se soumettre à un prélèvement biologique permettant l’identification de son empreinte génétique ». Elle a à chaque fois été relaxée, respectivement les 3 octobre 2019 et 16 janvier 2020, et à chaque fois le Parquet n’a pas relevé appel alors qu’il était à l’origine des poursuites, démontrant la solidité de la position de Camille H.

Cette fois, elle est plaignante, à l’origine des poursuites pour « injures publiques » par personne dépositaire de l’autorité publique : le 16 février 2019 dans l’après-midi, à l’angle de la place de la Comédie et de la rue Maguelonne, alors que que se déroulait l’acte XIV des Gilets Jaunes, le chef-adjoint de la BAC, responsable opérationnel sur le terrain, l’a invectivé en ces termes : « connasse, espèce de gaucho va, anarchiste, gauchiste, allez casse-toi va casse-toi, allez va t-en ou sinon je prends ton nom et je vais te rentrer… au commissariat, pauvre conne » ; faits prévus et réprimés par l’article 33 de la loi du 29 juillet 1881.

Camille H. a initialement déposé plainte le 27 février 2019 auprès du procureur de la République mais ce dernier a classé sans suite. Elle a donc saisi directement le…

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Auteur: lundimatin