Cancel culture et heckler's veto

Le livre de Thomas Hochmann, « On ne peut plus rien dire ». Le grand détournement, part d’un constat que nous partageons : la progression de l’extrême droite n’est pas la résultante mécanique des politiques économiques néolibérales et de la paupérisation qu’elles entrainent. Ce terreau social ne profite aux forces les plus rétrogrades que parce que prospèrent aussi dans l’espace public le plus officiel et autorisé des propos qui manipulent les faits, sèment la division et incitent à la haine, au mépris et à la discrimination. L’urgence est donc de protéger cette condition essentielle de toute démocratie qu’est la libre discussion des affaires publiques, dans le respect d’autrui et sur une base factuelle partagée. Ladite extrême droite l’a d’ailleurs bien compris, puisqu’une grande part de sa communication se focalise précisément sur la lutte contre cette écologie de la parole publique, systématiquement caricaturée et vilipendée au nom de la « liberté d’expression ». Dès qu’un propos raciste fait l’objet d’une sanction, ou même d’une simple condamnation verbale, la plainte se fait entendre : « On ne peut plus rien dire ! ». Thomas Hochmann, juriste spécialisé dans le droit de la presse, déconstruit parfaitement cet opiniâtre travail de brouillage et de production de la confusion qui requalifie la contradiction en « agression », la lutte contre le racisme en « intolérance », la vigilance éthique en « nouvel Ordre moral », en « Tribunal populaire » ou en « tyrannie de la bien-pensance », la réglementation de l’Arcom en « censure » et le recours au Droit en « dictature des juges ». Il rappelle à juste titre que la liberté d’expression inclut l’obligation d’accepter la contradiction, que « faire taire » un adversaire politique est un but en soi légitime et licite, dès lors qu’on se contente de réfuter et tourner en ridicule, et qu’on…

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Auteur: Thomas Hochmann