Canicule : en prison, les détenus cuisent

Des chambres surpeuplées et mal aérées, le sommeil perturbé, des tensions qui flambent… Pendant les vagues de chaleur, les détenus cuisent en prison. « On passe nos journées et nos nuits à suffoquer. C’est une double peine pour nous », déplorent Jérémie et Alexandre, détenus à la prison de Roanne (Loire), joints par téléphone.

Dans le huis clos de leur cellule, ils décrivent — parfois à voix basse, pour éviter d’attirer l’attention des surveillants — leur vie « sous la fournaise ». Ils soutiennent qu’ils « étouffent », écrasés dans « des murs de béton qui absorbent la chaleur le jour et la restituent la nuit ». L’air ne circule pas, faute de pouvoir ouvrir en grand une fenêtre obstruée par des caillebotis en acier et de « faire courant d’air » en ouvrant une porte qui reste désespérément fermée.

Les « ventilos », vendus « trois fois trop chers » que dans le commerce, « brassent de l’air ». Le frigo, « fatigué », vient de lâcher : une tannée dans une prison où l’eau courante est « en permanence tiède ». Alors, Jérémie et Alexandre tentent de faire avec les moyens du bord : « On mouille le sol et nos serviettes, ou on fabrique des « pschitt, pschitt » avec une bouteille d’Ajax, explique Jérémie. Il ne nous reste que la débrouillardise. » Mais pour se dérober aux fortes températures, « en prison il n’y a pas d’échappatoire », résume-t-il.

« Il n’y a pas un légume ou un fruit frais »

En dehors des cellules, la détention est tout aussi pénible. Les promenades se déroulent « sous le cagnard, de 14 h 15 à 15 h 30, quand le soleil est au zénith ». Les espaces accessibles aux prisonniers sont goudronnés, sans l’ombre d’une plante. « L’administration [pénitentiaire] pense certainement qu’on va prendre des branches pour se taper dessus, et creuser dans la terre pour s’évader… » maugrée Alexandre.

Le terrain de football, constitué d’un tapis synthétique recouvert de sable, est brûlant. Et à la cantine, point de réconfort. Les plats proposés, « trop consistants, comme le lapin mangé ce midi, ballonnent le ventre ». « Il n’y a pas un légume ou un fruit frais à se mettre sous la dent », dit Jérémie.

Quant à l’atelier où Alexandre travaille, il a été aménagé « sous la tôle, où le ressenti est à 60 °C, sans un frigo où stocker une bouteille d’eau pour se rafraîchir ». À la fin d’une journée au turbin — à fabriquer différentes pièces mécaniques pour une…

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi Reporterre