« Casino doit cesser de vendre de la viande liée à la déforestation en Amazonie colombienne »

En 2019, 400 hectares de forêts ont été déforestés en Amazonie colombienne à cause d’illégalités multiples sur les chaînes d’approvisionnement du groupe français Casino. C’est ce qu’a révélé jeudi 27 mai l’Environmental Investigation Agency (EIA), qui enquête sur les crimes environnementaux. Ces révélations interviennent trois mois après l’assignation en justice du groupe Casino par une coalition d’ONG et des représentants des peuples autochtones d’Amazonie brésilienne et colombienne.

Reporterre a interrogé Daisy Tarrier, directrice de l’association Envol vert, qui lutte contre la déforestation en Colombie et fait partie de cette coalition. Elle presse le groupe Casino à ne plus proposer de produits en lien avec la déforestation d’ici à 2022.


Reporterre — Sous quelle forme le groupe Casino est-il présent en Colombie ?

Daisy Tarrier — En Colombie, Casino possède le groupe Éxito, qui est leader dans le secteur de la distribution avec 28 % des parts de marché national. Ses magasins Carulla, Viva, Éxito, ou encore Surtimax se trouvent un peu partout dans le pays. Ils vont des petits points de vente aux hypermarchés. Casino joue un rôle clé dans le secteur de la viande, puisqu’il achète et distribue entre 6,4 % et 10 % du volume total de viande bovine produite sur le territoire.

Que révèle l’investigation menée par l’Environmental Investigation Agency ?

Elle met en évidence le lien entre le grupo Éxito et la déforestation de 400 hectares en 2019 au sein du Parc national Chiribiquete. Depuis au moins douze ans, un fournisseur direct d’Éxito lui vend environ mille vaches par mois. Pour obtenir ces animaux, le fournisseur passe par ses propres fermes mais aussi par des fournisseurs indirects.

L’un d’eux, le « fournisseur indirect 1 », élève ses animaux sur une première ferme légale mais, pour la phase d’engraissement, il sous-traite au « fournisseur indirect 2 ». Celui-ci a une ferme située en pleine zone Nord du Parc national Chiribiquete et a indiqué aux enquêteurs d’EIA avoir déboisé en 2019 400 hectares de forêts protégées pour faire paître ses animaux. Il n’a pas non plus caché son intention de faire la même chose sur 400 autres hectares dans les mois qui viennent. Ces vaches, provenant de fermes illégales, entrent dans la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito par le biais d’un « blanchiment de vaches », puisque le bétail est enregistré comme provenant du « fournisseur indirect 1 ».

Les zones déforestées du…

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre