CBD : l'État freine la culture locale de cannabis

Après avoir poussé la porte vert fluo de la minuscule boutique, on les remarque tout de suite. Exposées dans d’imposants bocaux en verre, des fleurs de chanvre trônent au fond de la pièce. À leur droite, quelques flacons d’huiles et de cosmétiques ont été alignés sur des étagères.

Dans ce magasin du 18ᵉ arrondissement de Paris, tous les produits sont réalisés à partir de cannabis — le nom botanique du chanvre — riche en cannabidiol (CBD). Cette molécule fait partie des nombreux cannabinoïdes qui composent la plante. Contrairement au plus connu, le THC (tétrahydrocannabinol), le CBD ne provoque pas d’effet stupéfiant. Au contraire, des études lui attribuent des vertus apaisantes et anti-inflammatoires pour certaines maladies — même si la littérature scientifique est encore maigre à son sujet.

Un magasin de CBD à Paris. © Alexandre-Reza Kokabi / Reporterre

« Nos produits viennent principalement d’Italie et de Suisse, indique Baptiste, le vendeur. Nous travaillons aussi avec des producteurs portugais et autrichiens. » En revanche, pas de trace de fleurs de CBD cultivées en France. « Dans les magasins français, les fleurs viennent à 99 % d’Italie et de Suisse », confirme Antoine Roux, porte-parole du syndicat professionnel du chanvre.

Un constat qui peut étonner, quand on sait que l’Hexagone est le premier producteur européen de chanvre industriel (pour le secteur de la construction, de l’isolation, du textile…) — à différencier du chanvre « récréatif ». Depuis plusieurs années, le gouvernement mène une bataille juridique contre ce dernier.

Une bataille en plusieurs actes

L’arrêté du 22 août 1990, modifié en 2004, a d’abord autorisé en France « la culture, l’importation, l’exportation et l’utilisation industrielle et commerciale » des fibres et graines de variétés de cannabis, tant que celles-ci contenaient moins de 0,2 % de THC. La réglementation européenne, elle, autorisait l’usage de la plante entière (fibres, graines, feuilles et fleurs).

Au début des années 2010, profitant de ce flou juridique, plusieurs « CBD shops » ont essaimé en France, proposant à leurs clients des fleurs de chanvre brutes (et non pas seulement des fibres et graines) et des produits dérivés de ces fleurs (huiles, pommades…). Le gouvernement a tenté de faire fermer ces boutiques, mais en novembre 2020, la Cour de justice de l’Union européenne a jugé illégales ces interdictions. La commercialisation a donc pu reprendre, mais la production de fleurs…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Justine Guitton-Boussion (Reporterre) Reporterre