Ce ne sont pas les beaux jours jours qui profilent…

C’est une pièce de Becket, elle s’appelle « Oh les beaux jours ». C’est un souvenir personnel. Madeleine Renaud, splendide et douce comédienne, est postée sur une dune de papiers journaux. Les actualités et les bruits du monde remontent jusqu’à elle. Elle a son sac posé et regarde l’horizon. Elle voit ainsi venir. Elle est coincée là et elle dit :

Les mots vous lâchent, il est des moments où même eux vous lâchent.

Au bas du monticule qui ressemble à un mamelon -c’est ainsi que Becket l’avait imaginé, avec elle Winnie dépassant comme un têton, son homme est assis de dos. Il ne voit rien venir lui. Willie bronze et maugrée. C’est l’été. Il est en costume de bain. On imagine que c’est un Français. Normal qu’il râle. C’est un antivax ou un supporter de foot. Mais je m’égare.

Étendue d’herbe brûlée s’enflant au centre en petit mamelon. Maximum de simplicité et de symétrie. Lumière aveuglante. Une toile de fond en trompe-l’œil très pompier représente la fuite et la rencontre au loin d’un ciel sans nuages et d’une plaine dénudée. Enterrée jusqu’au-dessus de la taille dans le mamelon, au centre précis de celui-ci, Winnie. La cinquantaine, de beaux restes, blonde de préférence…

C’est ainsi que Becket décrit son décor et son héroïne. Une femme engoncée et emprisonnée qui habite l’espace par peur du silence. Et qui scrute l’horizon en attendant Godot, que des hommes viennent la sortir de là ou la fin de l’histoire.

Elle me fait penser à ma mère. Ou à moi en cette fin d’été qui ressemble à un milieu d’automne. Je ne voudrais pas le voir finir mais se réchauffer. Je n’ai pas pris de vacances. Je veux dire, je ne me suis pas « vidé la tête » comme disent certains de mes amis.

– T’as fait quoi en aout ? Tu ne t’es pas vidé la tête ?.

– Non, c’est grave ?

Me vider la tête, ça fait peur. J’aurais la trouille de ne plus pouvoir la remplir après. Dans les questions qu’on m’a posées cet été, une autre est revenu en boucle :

– Et t’as pris quoi comme vaccin ? Pfizer ? Moderna ? Astrazeneka ?

– Euh Pfizer…

– Et t’as pas eu mal ?

– Non, pas trop.

– Et c’est quoi ta bagnole ?

– Non j’ai pas envie de parler de bagnole. Viens on regarde l’horizon.

– Tu ne vois rien venir ? Tu n’entends pas les gens qui crient au loin.

Je n’ai changé ni d’air, ni de paysage. Je suis resté en Macronie, pas loin de Metz, de sa cathédrale…

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Auteur: Blast info