« Ce n'est pas la nature qu'il faut sauver, mais nos relations avec elle »

Antoine Desjardins est enseignant et écrivain au Québec. Son premier roman, Indice des feux (La Peuplade, 2021) a été récompensé du prix du roman d’écologie en avril 2022.


Reporterre — Comment vous est venue l’idée de ce livre ?

Antoine Desjardins — J’ai commencé à écrire il y a sept ans. J’avais 25 ans, j’étais enseignant en primaire. La crise écologique prenait déjà presque toute la place dans ma tête. Je ressentais un malaise croissant, y compris dans mon rôle d’enseignant. Ma santé mentale s’effritait. Il m’est alors apparu comme une évidence que je devais commencer à écrire.

J’ai alors suivi une maîtrise en littérature à l’université de Québec, à Montréal. J’ai consacré deux années de recherches à essayer de répondre à la question suivante : comment, par la littérature, amener de la connaissance de la crise écologique à la prise de conscience affective et au devoir moral de changer de comportement ? Des milliers d’articles sont publiés chaque jour sur ce sujet. Comme l’explique Edgar Morin dans Impliquons-nous — Dialogue pour le siècle, nous traversons une crise de la connaissance. Le problème n’est pas que nous ne savons pas, mais que bien souvent ce savoir ne nous mène pas plus loin. Dans ce livre, il invite les artistes « à mettre en jeu leur liberté individuelle et à la transformer en responsabilité collective », afin de susciter des changements dans leur société. J’adhère à cette idée, à la nécessité d’associer l’esthétique et l’éthique pour faire bouger les choses. Écrire est pour moi une manière de militer, de m’impliquer politiquement pour qu’une transition advienne.

Cela me permet aussi de m’interroger, d’intensifier mon regard, mon attention, mon écoute, et de creuser mon expérience d’une manière inouïe. Un geste d’urgence, pour tenter de trouver du sens à tout cela. Récemment, j’étais en résidence en Gaspésie [au centre-est du Québec] pour réfléchir à l’impact de l’érosion côtière sur la vie des habitants — ce que ça fait de voir la côte s’effriter, la route être avalée par la mer. Si j’y étais allé en vacances, je n’aurais pas été marqué et transformé de cette manière par ce séjour.

L’enseignant et écrivain Antoine Desjardins. © Caroline Perron

Dans chaque fiction du livre, crises intime et écologique se font écho : un adolescent en fin de vie est hanté par la fonte de la banquise, un garçon au sortir de l’enfance assiste à la destruction du bois qu’il…

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Auteur: Émilie Massemin Reporterre