Ce que « Bolloré » fait au livre, aux éditeurs et aux auteurs

Corrie Pabst. — « Vanitas » (Vanité), 1908.

La domination sans partage du groupe Hachette sur l’édition française ne date pas d’hier. Ni même d’avant-hier. Ne remontons pas au-delà des années 1970, quand Hachette était plus ou moins officieusement l’« éditeur de la République » et officiellement combattue, à gauche, comme une « pieuvre » qui étouffait la presse. Restons-en au crépuscule du siècle dernier, alors que le regretté Jean-Luc Lagardère avait regroupé Hachette livres, distribution et médias avec l’armement (Matra) et l’aviation (EADS-Airbus). On doit bien se dire qu’en comparaison l’« empire Bolloré » fait un peu prix de consolation. Il est vrai que Jean-Luc Lagardère n’était, à l’égal des autres grands patrons, qu’un militant du profit. Alors que Vincent Bolloré…

Voir aussi « Édition française, qui possède quoi », Le Monde diplomatique, avril 2025.

C’est donc l’alliance du grand patronat et de la droite extrême qui a provoqué les prises de conscience dont quelques médias se font l’écho depuis l’automne 2024. Et c’est la « ligne éditoriale proche de l’extrême droite » et les « piles de revues d’extrême droite à l’entrée » de leurs bureaux qui sont à l’origine de la mobilisation, en mars 2025, des représentants du personnel de Hachette. Qui invoquent aussi, en réponse aux dangers que fait peser leur nouveau patron sur le marché du livre : des ruptures de contrat, des départs de salariés et d’auteurs, ainsi que, de la part de libraires, enseignants et lecteurs, le boycott des ouvrages édités par l’une ou l’autre des quarante et quelques marques françaises du groupe.

La clarté et la franchise de ces réactions répondent à la franchise et à la clarté du projet idéologique dont le pieux milliardaire porte fièrement les couleurs : restauration des valeurs millénaires de…

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Auteur: Thierry Discepolo