Spécialiste de la migration, la chercheuse Sophie Watt a travaillé sur le terrain à Calais avec la photographe franco-suisse Elisa Larvego pour nourrir ses recherches. En janvier 2023, puis l’été suivant, elle s’est rendue dans des camps sauvages du nord de la France pour s’entretenir avec des bénévoles et des exilés afin de mieux comprendre ces zones frontalières très controversées. Toutes sont liées au débat hautement politisé sur l’immigration entre la France et le Royaume-Uni. Dernier épisode de notre série.
J’ai fait une maraude littorale la nuit sur la côte autour de Boulogne-sur-Mer avec Osmose62. Dany Patous et Olivier Moctar Barbès, fondateurs et bénévoles de l’association, patrouillent le long de la côte la plupart des nuits avant d’aller travailler. Ils expliquent comment les passeurs modifient leurs techniques pour s’adapter à l’intensification des contrôles. La dernière technique en date s’appelle le « taxi boat ».
Au lieu d’attendre d’être récupérés sur la plage, les réfugiés sont poussés à attendre dans l’eau à différents endroits de la côte pour empêcher la police de les poursuivre. Les bateaux récupèrent ensuite plusieurs groupes en mer la même nuit, et finissent par entasser davantage de personnes et par emprunter des itinéraires plus longs et plus périlleux jusqu’à Douvres. Officiellement, la police a interdiction formelle d’intercepter les embarcations d’exilés en mer et de ce fait la police française ne pourchasse que très rarement les exilés une fois dans la mer. Mais récemment il y a eu des enquêtes ont prouvé que le nouvel accord « Stop the Boats » de Mars 2023 a entraîné une augmentation du nombre d’incidents mortels dans la Manche et l’utilisation de nouvelles pratiques d’intimidation.
L’augmentation des fonds alloués à la France s’est traduite par un renforcement de la police, une augmentation de la violence sur les…
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Auteur: Sophie Watt, Lecturer, School of Languages and Cultures, University of Sheffield