Créé par Neal Stephenson dans son roman de science-fiction Le Samouraï virtuel, publié en 1992, le terme de métavers fait son grand retour depuis l’annonce de Meta à l’automne 2021, Mark Zuckerberg étant décidé à investir massivement dans les mondes virtuels.
Cet univers, pour l’instant largement fantasmé, sera-t-il le levier d’une rupture anthropologique, ou restera-t-il un discours total visant à promouvoir une série d’investissements dont les effets seront, au mieux, le prolongement des développements récents des cultures digitales?
Les débats actuels portent sur le caractère effectif de la transformation annoncée et sur sa possible réalisation ; à l’instar de chaque bulle spéculative récente (voiture autonome, voyages spatial, singularité technologique ou technosolutionniste vert pour nommer les opérations en cours et récentes de l’économie). Et comme pour ces dernières, les imaginaires sont le terrain sur lequel une part importante de la création d’un marché potentiel se joue via un processus de création d’attentes et de vraisemblance. En témoignent les récentes publicités dans les gares françaises de l’entreprise Meta illustrant sous une forme idéalisée un futur positif du métavers pour différentes situations à forte valeur sociale (apprendre la médecine, étudier l’histoire…)
Quels imaginaires?
Chercher à comprendre les imaginaires traitant des métavers au sein de la culture populaire et en particulier la science-fiction (films, séries, bandes dessinées, comics, animé, mangé, jeux vidéo, œuvres d’art numériques et mèmes), s’avère à ce titre particulièrement important pour clarifier les débats en cours et espérer élaborer un narratif pacifié.
À cette fin, nous avons tenté de comprendre quelles sont les représentations disponibles de cet objet dont les usages et le périmètre sont encore très flous dans la réalité. De Ready Player One à La Matrix en passant par des sources plus artistiques telles qu’Hyper-reality, nous faisons l’hypothèse qu’en l’absence d’une existence formelle des métavers, ce sont les imaginaires qui structurent les visions sociales des possibles consommateurs, mais aussi des concepteurs eux-mêmes, impactant ainsi les développements à venir comme source et comme levier pour promouvoir des narratifs privilégiés par les acteurs en présence.
Quand la réalité rattrape la fiction
Premier élément de preuve : les imaginaires ne sont pas neutres, ils présentent des formes de constance qui balisent un territoire particulièrement limité. Prenons la couleur du métavers. En identifiant des dizaines de milliers de photos rendues disponibles sur des sites dédiés aux arts visuels (de Artstation à Pinterest) puis en procédant à une analyse de…
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Auteur: Nicolas Minvielle, Spécialiste du design et de l’innovation, Audencia