Ce que nous apprend la philosophie politique chinoise par Bruno GUIGUE

La philosophie politique est la démarche de la raison qui ne se satisfait pas de l’ordre établi et entreprend d’en interroger la légitimité. Mais elle n’est jamais le fait d’un individu isolé qui s’adonnerait à la spéculation abstraite. Toute théorie étant l’expression d’une pratique théorique, elle revêt la texture d’un événement situé dans le monde et portant l’empreinte d’une époque. Lorsqu’ils interrogent les fondements du pouvoir politique, il y a plus de deux mille ans, les penseurs chinois ne font pas exception à cette historicité. Partie prenante d’un monde en pleine transformation, ils veulent dégager le sens de ce qui en paraît dépourvu, tant les actions humaines semblent irrationnelles et les événements imprévisibles. Tout en administrant une leçon de sagesse, ils entendent révéler les forces sous-jacentes qui déterminent le cours des choses. A leurs yeux, les changements cycliques dont le rythme scande l’histoire s’inscrivent toujours dans un horizon cosmique. C’est pourquoi, dépassant la simple observation empirique, ils s’attachent à scruter l’ordonnancement essentiel qui se profile derrière les phénomènes. Ils cherchent, écrit Léon Vandermeersch, « les formes véritablement structurantes cachées sous la confusion des apparences superficielles et dont les correspondances font l’harmonie profonde de l’univers ».¹

La philosophie chinoise nous invite à réfléchir sur les rapports entre la nature et l’histoire, l’individu et la communauté, le rite et la loi, l’éthique et la politique, le peuple et le souverain, l’universel et le particulier. Si ses conceptions sont fort loin des nôtres, cette différence culturelle nous invite précisément à mettre en question notre propre manière de penser. Le vocabulaire lui-même n’indique-t-il pas l’altérité des origines dont nos idées respectives portent l’empreinte ? « L’expression philosophie politique est…

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Auteur: Bruno GUIGUE