On ne le croirait pas spontanément, mais aller faire un tour sur le site du ministère de la culture n’est pas entièrement synonyme de perte de temps. Il est vrai qu’il y faut quand même une bonne raison, parce que, si on est franc, lorsqu’on lit « La culture, c’est la plus belle forme d’humanité », signé Mme Rima Abdul Malak, on se demande pourquoi s’infliger ça. Ça, et le reste : « créer des liens nouveaux, sensibles et généreux entre les artistes et les habitants » etc. Ah, c’est si gentil, la « cuculture », comme disait Witold Gombrowicz. Et quand elle sera complètement « immersive » et resplendira dans le métavers (un appel à projet — 150 millions d’euros — sera bientôt lancé) alors, on sera tous enfin merveilleusement cucultivés. Et les industries concernées merveilleusement, et si généreusement, prospères.
Lire aussi Jean-Pierre Salgas, « Witold Gombrowicz, en finir avec la cuculture », Le Monde diplomatique, novembre 2016.
Bref, le site du ministère irradie la modernité doublée comme il se doit d’une sorte de « bienveillance » qui n’est pas uniquement une affirmation obstinée de niaiserie. En affirmant sans se lasser (on ne compte plus les occurrences) qu’il « accompagne » et « soutient » , il transforme la mission de service public en aide paternaliste, il devient un « aidant » qui maintient charitablement des nécessiteux soigneusement triés. Alors qu’avec l’argent public mis au service des industries dites créatives, là, on n’est plus dans le « soutien », mais dans l’innovation… Et l’innovant, c’est rentable. Y compris du côté de la si floue « démocratisation culturelle ». Car tout le monde pourra s’immerger. C’est du direct, du « sensible », du ludique. Exemple prôné par la ministre : la…
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Auteur: Evelyne Pieiller