Censure ministérielle : vers un retour de l'ORTF en Lorraine ?

« Jamais un membre du dernier gouvernement ni de ceux qui l’ont précédé n’a décroché son téléphone pour demander à modifier de quelque façon que ce soit les grilles des programmes de l’audiovisuel public. Pas une fois. » Ainsi s’exprimait la ministre de la Culture le 23/07, à l’Assemblée nationale. Une déclaration à mettre en parallèle avec un communiqué de la CGT France Télévisions publié hier, que nous reproduisons ici. (Acrimed)

Censure ministérielle : vers un retour de l’ORTF en Lorraine ? Ou comment la rédactrice en chef a dépublié un papier web sur pression d’une ministre mécontente du traitement de sa visite à Nancy.

On croyait la période révolue depuis la fin des années 60 : le rédacteur en chef de la télévision publique prenait ses consignes auprès du ministre de l’Information, qui transmettait les doléances du Général de Gaulle. L’ORTF est de retour en Lorraine ! Samedi 17 septembre 2022, un journaliste affecté au web est chargé de faire le portrait de la ministre de l’Enseignement et de la Formation Professionnels, qui vient inaugurer le nouveau rectorat de l’académie. Ancienne députée de Nancy, en poste depuis deux mois, elle fait partie de la vague des néophytes en politique propulsés en pleine lumière par le président Macron.

Le journaliste passe ses coups de fil, et dresse un portrait où il décrit une inconnue du grand public, sans passé militant, qui a découvert la politique en 2017, après des postes de DRH dans le privé. Il cite une source qui s’amuse de son passé en ressources humaines, elle qui a usé une quinzaine d’assistants parlementaires pendant son mandat.

Le papier est relu, validé, et publié par le rédacteur en chef de Reims, qui est en charge de la coordination du web le week-end : c’est comme ça dans le Grand Est.

Irréprochables et à la botte du pouvoir

Mystérieusement le journaliste ne retrouve plus son papier en ligne le dimanche matin. Il a été dépublié dans la nuit. Au téléphone, le coordinateur du week-end confirme la dépublication, un brin gêné : « La rédactrice en chef de Nancy va t’appeler ». Le coup de fil arrive vers 10h : « Ton papier est à charge, tes sources sont anonymes, la ministre n’a pas eu la parole ». Avant de raccrocher, elle précise qu’elle doit rappeler la ministre pour lui rendre des comptes ! Et demande pour ça au journaliste de se justifier dans un mail, ce qu’il refuse : son travail est honnête, argumenté et validé par un rédacteur en chef.

Dans la note hebdomadaire…

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Auteur: Acrimed