Céréales, élevage ou énergie ? Les terres agricoles attisent les appétits

La place de l’élevage dans notre société est aujourd’hui largement débattue. Au-delà de la question désormais centrale du bien-être animal, deux arguments très forts reviennent également dans le débat.

Tout d’abord, les émissions de gaz à effet de serre, en particulier le méthane, majoritairement issu de la digestion des fourrages par les ruminants. Ensuite, la compétition de l’élevage pour la culture et l’utilisation de céréales, que les humains pourraient consommer directement et de façon beaucoup plus efficace. Rappelons que, pour une même quantité, les céréales nourrissent jusqu’à 10 fois plus de personnes que la viande.

Depuis début 2022, l’impact de la guerre en Ukraine sur le coût de l’énergie entraîne également de fortes tensions sur le secteur de l’agriculture, relançant l’intérêt des surfaces agricoles pour la production d’énergie.

L’élevage pourrait bien être le grand perdant de cette concurrence.

Un fort impact du prix de l’énergie

Les activités d’élevage des pays les plus développés sur le plan économique font appel à grandes quantités d’énergie. Ainsi, pour 1 mégajoule d’énergie consommée, l’élevage produit entre 0,5 et 1 mégajoule sous forme de lait ou de viande, alors que les grandes cultures (céréales, oléoprotéagineux) en produisent plus de six.

Cela signifie que, ramenée à l’énergie produite sous forme de diverses denrées agricoles, une augmentation du prix de l’énergie a une incidence six à dix fois plus grande, en moyenne, sur les produits issus de l’élevage, par rapport aux produits issus des grandes cultures. Cette forte répercussion du prix de l’énergie peut ainsi rendre ces produits difficilement accessibles au consommateur. Le constat peut d’ailleurs déjà être fait d’un fort recul des achats des produits d’origine animale de la part des ménages modestes du fait de la très forte inflation.

L’écopaturage, mis en œuvre le plus souvent avec les ovins, est la pratique retenue pour entretenir les champs de panneaux photovoltaïques positionnés au sol, comme ici dans le Gers.
Marc Benoît, CC BY-NC-ND

Pourquoi l’activité d’élevage nécessite-t-elle autant d’énergie ?

Au niveau des fermes d’élevage – en 2020, on en comptait 150 000 spécialisées dans cette activité sur les 416 000 exploitations…

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Auteur: Marc Benoit, Ingénieur de recherches, agroéconomiste, Inrae