Certains individus ont-ils un penchant pour l’autoritarisme ?

Pourquoi certains individus adhèrent-ils plus fortement que d’autres aux formes d’organisation caractérisées par la hiérarchie, la dominance, et l’obéissance ?

La psychologie sociale, une branche de la psychologie expérimentale qui étudie l’influence du contexte social sur les émotions, la cognition, et le comportement, traite cette question depuis plusieurs décennies. La recherche a notamment fait émerger le concept de « personnalité autoritaire ». De quoi s’agit-il exactement ?

Les sociétés humaines produisent des inégalités particulièrement marquées

Une conséquence de la sévérité du partage inéquitable des ressources et de l’oppression dans les sociétés humaines est un niveau élevé de conflit entre des forces sociales qui accentuent la hiérarchie, comme le racisme ou le sexisme, et d’autres qui atténuent la hiérarchie, comme le socialisme ou le féminisme.

Selon le biologiste américain Robert Sapolsky, qui enseigne la neurologie à la prestigieuse université californienne de Stanford, rien dans la socialité animale n’implique une forme de domination aussi agressive que « l’invention humaine de la pauvreté ».

Pour les psychologues américains Jim Sidanius et Félicia Pratto, les hiérarchies sociales humaines s’organisent en trois principaux systèmes : le système d’âge (pouvoir disproportionné des adultes par rapport aux jeunes), le système de genre ou patriarchie (pouvoir disproportionné des individus de sexe masculin par rapport aux individus de sexe féminin), et le système de groupes arbitraires (groupes socialement construits sur la base de critères comme l’ethnie ou la classe sociale).

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Ce dernier système, caractéristique des sociétés industrielles, se distingue notamment par le rôle important de l’agression dans le maintien de la domination. Mais dans ce contexte, tous les individus ne réagissent pas de la même façon.

L’autoritarisme, expression de la personnalité ?

La première recherche de référence sur la « personnalité autoritaire » a été publiée en 1950 par le philosophe et sociologue allemand Theodor Adorno et ses collaborateurs. L’enjeu est alors la compréhension de la montée du nazisme dans l’Allemagne des années 1930.

Selon les auteurs, ce fait ne saurait être expliqué par une seule discipline de recherche (psychologie clinique, sociologie, économie, etc.) Adorno fait l’hypothèse d’un « invariant » ne dépendant ni des individus ni du contexte : toute personne posséderait une « structure mentale stable potentiellement fasciste » (potentially fascistic). Cette structure serait particulièrement active en certaines circonstances chez certaines personnes, les principales conséquences sociales seraient l’antisémitisme, le…

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Auteur: Johan Lepage, Enseignant-chercheur en psychologie sociale, Université Grenoble Alpes (UGA)