Interdite de discuter publiquement des risques du sucre pour la santé, sous peine d’une amende de 250 000 dollars. C’est ce qui est arrivé à une chercheuse colombienne après avoir produit un document montrant la quantité de sucre contenue dans une canette de soda.
« L’ampleur des intimidations que nous avons constatées n’est probablement que la partie émergée de l’iceberg », précisent Karen Evans-Reeves et Britta Matthes dans l’édition britannique de The Conversation. Ces deux chercheuses de l’Université de Bath (Royaume-Uni), spécialistes de la lutte contre le tabagisme, ont cartographié sur vingt ans – entre 2000 et 2021 – les tactiques d’intimidations à l’encontre de scientifiques de la part des fabricants de tabac, d’alcool et d’aliments ultra-transformés.
Décrédibilisation en public, menaces juridiques, plaintes, utilisation malveillante de la législation sur la liberté d’information, surveillance, cyberattaques, pots-de-vin, sont autant de procédés utilisés par ces secteurs industriels, selon leur article publié dans la revue scientifique Health Promotion International.
Comment expliquent-elles cette offensive ? « Le cancer, les maladies cardiaques, les affections respiratoires chroniques, le diabète et les accidents vasculaires cérébraux sont aujourd’hui à l’origine de près de trois quarts des décès dans le monde. La recherche des causes de ces maladies n’a jamais été aussi cruciale pour la santé publique. Mais cette recherche constitue une menace directe pour le pouvoir et les profits des entreprises » soulignent les chercheuses.
Discrédit et menaces juridiques
« Extrémistes », « fascistes de l’alimentation », « gestapo gastronomique »,…
Auteur: Sophie Chapelle