Journaliste indépendante depuis près de dix ans, spécialisée dans les questions écologiques, Juliette Duquesne publie son septième ouvrage consacré aux lieux où se travaillent l’autonomie, la démocratie et notre rapport à l’État. 100 entretiens tant dans des lieux de vie alternatifs qu’auprès de collectifs donnent un livre riche et interpellant.
Après avoir traité de la faim dans le monde, des semences, des excès de la finance, de l’eau, de la pollution numérique, de l’intelligence artificielle et des questions de croissance et décroissance, Juliette nous explique la genèse de ce nouveau livre.
LR&LP : Vous êtes journaliste depuis une vingtaine d’années, d’abord dans les grands médias puis indépendante. Comment est née l’idée de ce septième ouvrage sur l’autonomie et la démocratie ?
JD : Ce livre est né d’un constat récurrent. Je me rendais compte que face aux différentes problématiques écologiques, on savait parfaitement que faire. Mais, qu’à chaque fois qu’une loi est votée qui pourrait changer les choses, l’État vide les lois de leur contenu sous la pression des lobbies.
LR&LP : C’est ce qui vous a amenée à questionner le rôle de l’État lui-même ?
DQ : Tout à fait. En France, on a tendance à penser qu’un État plus centralisé, avec plus de planification écologique, va nous permettre de préserver la planète. J’ai renversé la question : est-ce que l’État ne fait pas partie du problème ? La France veut toujours que les choses changent par l’État, mais l’histoire ne valide pas ce modèle. On voit que le capitalisme et l’État se sont toujours nourris l’un l’autre.
LR&LP : Comment avez-vous mené cette enquête ?
DQ : J’ai passé trois ans sur ce projet, en interrogeant une centaine de personnes en France et dans le monde entier. Je suis allée voir les zapatistes au Chiapas, j’ai interviewé des chercheurs au Sénégal, je suis allée dans des Oasis ou à…
Auteur: Isabelle Vauconsant