Helena est étudiante à Pretoria, la capitale administrative de l’Afrique du Sud. Au début du mois de juillet, un geste un peu trop brusque lui fait renverser sa tasse de thé sur son ordinateur. Son outil d’apprentissage est irréparable. Elle doit en racheter un, mais n’a pas d’argent. Alors, sur son téléphone, elle cherche « un emploi en ligne qui ne lui prendra pas trop de temps », pour qu’elle puisse continuer de se concentrer sur son travail scolaire. Là, un sigle apparaît sur son écran : UHRS.
UHRS, pour « Universal Human Relevance System » (Système universel de pertinence humaine), est le nom d’une plateforme créée par Microsoft pour entraîner des intelligences artificielles (IA). Helena a choisi cette plateforme parmi d’autres, qui proposent toutes ce que l’on appelle du « micro-travail ». Dans une étude issue du groupe de recherche DiPLab, des chercheurs donnent une définition de ces tâches, définies comme « micro », car elles naissent de « la fragmentation des activités courtes, standardisées et simples, qui peuvent être réalisées en ligne et que des plateformes numériques spécialisées externalisent à des prestataires tiers, dénommés microtravailleurs ».
La plus connue de ces plateformes spécialisées est celle d’Amazon, Mechanical Turk – nommée en référence à ce faux automate du 18e siècle, présenté comme un automate joueur d’échecs, qui était en fait un homme déguisé en machine. Derrière l’image d’une machine à la puissance de calcul phénoménal et autonome, l’intelligence artificielle dépend en grande partie de « petites mains » bien humaines, lesquelles classent, génèrent et fournissent des milliers d’informations essentielles au bon fonctionnement de l’IA. À se demander qui est devenu le robot de qui…
Quelques centaines d’euros par mois
Le microtravail consiste en des activités répétitives, payées quelques dollars ou centimes…
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Auteur: Emma Bougerol