Ces tomates sous serres cultivées dans des conditions opaques

Isigny-le-Buat (Manche), reportage

« Le paysage va être bouleversé, le bocage ainsi qu’un hameau seront détruits. Je voudrais voir des agriculteurs travailler la terre plutôt que des serres artificialisées. » Sous un crachin typiquement normand, Odile regarde avec mélancolie ses quatre ânes qui pourraient voir leur cadre de vie radicalement changer si son voisin, ou plutôt l’entreprise voisine, arrive à ses fins. Cette société, Les Maraîchers de Normandie, cultive sa discrétion en même temps que ses tomates sous serre dans la petite commune d’Isigny-le-Buat. Dans le bourg d’environ 3 000 habitants, son projet d’agrandir l’un de ses deux sites soulève des inquiétudes.

En plus de la serre existante de 12 hectares, de près d’une dizaine de mètres de haut, posée sur un talus, une demande de permis de construire a été déposée en février pour 20 hectares supplémentaires, scindés en deux tranches. La première partie arriverait fin 2025 et la seconde en 2026. La production annuelle de tomates s’élèverait alors entre 8 000 et 13 000 tonnes, en plus des milliers de tonnes actuelles. L’entreprise, dirigée pas le Néerlandais Rik Van Den Bosch et appartenant au groupe des Pays-Bas AgroCare, est l’une des plus grandes productrices de tomates sous serres d’Europe. AgroCare détient aussi des exploitations en Tunisie et au Maroc. Elle est implantée à Isigny-le-Buat depuis seulement trois ans.

« 32 hectares pour faire des tomates, c’est complètement disproportionné ! » dit Odile, membre du collectif Stop Tomates industrielles. Une simple petite route la sépare du terrain envisagé pour l’aménagement des serres géantes. « Cela fait trente-cinq ans que je vis ici avec ma famille et nous sommes attachés à cet environnement. Je n’ai jamais été militante et j’ai mis du temps à me mobiliser », explique la retraitée, en montrant sa collection d’articles de presse sur le projet. Bien que…

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Auteur: Guy Pichard