Il a été équipier de collecte – celles et ceux qui se tiennent à l’arrière des camions-bennes pour ramasser les poubelles – puis chauffeur. En un an et demi, il a enchaîné 56 contrats de travail pour collecter les déchets de la communauté de communes du Val d’Amboise (Indre-et-Loire).
Car D. J. n’a jamais été embauché en CDI, mais toujours employé comme intérimaire, entre mars 2022 et novembre 2023 au sein d’une société de collecte, de gestion et de tri des déchets, Sepur. Une entreprise qui figure pourtant parmi les leaders du secteur, avec plus d’un millier de communes et plusieurs millions d’habitants desservis, et qui revendique « sa responsabilité sociale forte ».
Après des débuts chaotiques, où il doit rappeler à son employeur qu’il doit être payé, D. J. se rend progressivement compte qu’il ne perçoit pas les primes que touchent les salariés en CDI : versement du 13e mois, prime quand on est seul à l’arrière du camion, compensation pour le temps d’habillage et de déshabillage avant et après la prise de service, ainsi qu’un bonus « qualité sécurité » quand il n’y a aucune casse sur la tournée. Constater que toutes ces primes lui passaient sous le nez pendant des mois l’a fait « sortir du bois », explique-t-il, alors que son contrat n’est pas renouvelé. Il se décide à attaquer Sepur aux prud’hommes.
Après plusieurs mois de procédure, en décembre 2024, le conseil des prud’hommes de Bobigny (Seine-Saint-Denis) rend sa décision. Les dizaines de contrats de travail qu’a cumulés D. J. sont requalifiés en CDI. Son licenciement est jugé sans cause réelle ni sérieuse. Les conseillers prud’homaux ordonnent ainsi à Sepur de verser au total plus de 20 000 euros à l’ancien chauffeur (l’entreprise pourrait faire appel de cette décision).
Il n’est pas le seul dans cette situation. Dans le sud de l’Île-de-France, Karim* a battu D. J. en nombre de contrats de…
Auteur: Adèle Cailleteau