Dans la nuit du 31 décembre 2020, une rave party à Lieuron, en Bretagne, clôture une année de pandémie et de restrictions. 2500 teufeurs y participent. La fête, surmédiatisée, est également surstigmatisée, en ces temps de crise sanitaire où il est mal vu de se réunir à plusieurs en faisant fi des gestes barrières. Neuf personnes seront inculpées, l’une fera trois semaines de détention. Déjà, en juin 2019 sur les quais de Loire à Nantes, la police avait voulu éteindre un sound system, qui aurait dépassé l’heure légale accordée à la fête de la Musique. Son intervention violente et non justifiée avait provoqué une panique générale. Un jeune homme, Steve Maia Caniço, était retrouvé noyé.
Le sound system qui faisait danser Steve était hors zone résidentielle, un soir de festivités nationales. Le sound system qui a fait danser les bretons n’a pas engendré le cluster tant décrié. Dans les deux cas, « c’est bien parce que c’était une fête techno, une free party, fête libre, qu’il fallait qu’elle soit matée et à n’importe quel prix. Mais les médias et l’histoire ne retiendront sans doute pas cela, assène l’association de prévention Techno+, sur le terrain des raves depuis 25 ans. La responsabilité des médias est importante sur l’absence d’objectivité dans le regard de la population. La tenue de ces événements est aujourd’hui vécue comme un affront à l’autorité ».
Cet « affront » qu’il faudrait à tout prix museler est plus que jamais d’actualité dans le contexte sanitaire ultrasensible que nous vivons. Paradoxalement, la répression qui s’abat sur le monde de la free party a permis de mettre en lumière une forme de criminalisation de la fête, quelle qu’elle soit, de stigmatisation de ce qui ne rentrerait pas dans « l’ordre » gouvernemental. Les teufeurs, avant tout avides de liberté, ont rejoint les cortèges des opposants à la loi « Sécurité globale ». Mais alors, comment et pourquoi le milieu de la free est-il aussi un garant de nos libertés ?
Le mouvement free vu par les autorités : incontrôlable, transgressif, déviant…
S’épanouissant dans un flou juridique les premières années, le milieu de la free voit l’amendement Mariani (Thierry Mariani était député UMP, désormais passé au RN) de 2001 siffler la fin de la partie, et imposer un cadre en les soumettant à un régime de déclaration préalable en préfecture. « La stigmatisation de ces zones autonomes/artistiques/autogérées temporaires vient de la vision…
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Auteur: Elsa Gambin