C'est peut-être la nuit la plus longue

Je vais prendre l’air, je me pose sur le muret encore tiède au-dessus du parking souterrain près de la Saône. Le ciel noir est vide, pas de place pour les étoiles en tyrannie. Je tente d’évacuer la chaleur de mon corps. Je pense à ce qui va se passer. Je pense à celles et ceux qui m’entourent. Partout nous avons tapissé la ville des affiches du GOST : Groupe d’Occupation des SouTerrains « Sortez masqué.e.s ! ». Nos petits fantômes s’affairent depuis 2 jours maintenant pour préparer ce festival clandestin d’outre-tombe.

Ce soir, c’est le grand soir. Le soir sombre, nuital, nocturne et ombrageux. La Lune s’éclipse derrière les nuages de pollutions invisibles. Un soir fantomatique qui vient brutalement casser le jour. Un soir qui vient sécher nos corps égouttés par la chaleur de la ville, un soir passoire. Alors bien sûr, il n’est pas encore assez frais pour nous délester de la laine permanente que l’on croirait porter. Toutefois, il a le mérite de stopper l’inflammation des corps.

Ces corps qui bientôt vont revêtir les habits de nuits, de la grande et longue nuit. Bientôt, partout, les fantômes sortiront à l’écoute des tintamarres qui s’élèveront de l’intérieur du parking. Le son azimut s’évadera le long des murs encore chauds des immeubles de la ville. Bientôt nous proclamerons la première nuit sans peur, la première nuit sans loup et sans monstre sous les lits. Une nuit sans ténèbres pour que le jour se lève moins funeste qu’hier. Nous recréerons la cour des Miracles tout en abolissant le roi et sa cour. Sortez masqués mes chats noirs, mes fantômes… ! Vive les fous, les folles et les profanateurs de tombe ! Une nuit pour les invalides, les mutants, les erreurs que nous sommes toutes et tous. Une nuit faite pour les malades et indigents de toute sorte. Une nuit sans compétition, sans sélection sinon celle des gènes les plus mauvais, les plus différents, anormaux, seule…

Auteur: lundimatin
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