Il faudra du talent à Donald Trump pour maquiller sa reculade en stratégie. Le 2 avril, il présentait sous les yeux ébahis du monde un tableau aux calculs improbables pour remonter les droits de douane. La seule logique était de rétablir immédiatement la balance commerciale, pays par pays. Une semaine plus tard, devant la débâcle des marchés, l’inquiétude des milieux d’affaires et des banques, le voilà contraint de revenir et de se contenter d’une hausse plus modeste : 10 % pour tout le monde, sauf pour la Chine. Les hausses antérieures appliquées par exemple à l’acier européen sont, elles, maintenues.
L’issue dépendra surtout du poids politique de Trump.
Ce n’est pas la première fois que les milieux d’affaire obligent un gouvernement de droite-ultra à se dédire. Liz Truss, la très éphémère première ministre britannique post-Brexit, avait dû démissionner après que la banque centrale anglaise et la bourse de Londres avaient dévissé devant ses ambitions d’abaisser brutalement les impôts sur les sociétés. Le populisme et le simplisme de solutions, même favorables aux puissants, doivent faire l’objet de plans et intégrer le temps et des équilibres plus globaux.
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Trump va voir son crédit politique écorné, surtout après que l’évidence se soit imposée : la paix en Ukraine et à Gaza n’a pas été rétablie en une semaine grâce à son action. Aux États-Unis, le soupçon de fraudes massives, de délits d’initiés ayant permis des enrichissements colossaux à l’occasion de ces cours de bourses en yo-yo se répand. Les Démocrates demandent l’ouverture d’une enquête. Jusqu’où cela ira-t-il ? La justice américaine a déjà montré ses immenses faiblesses…
Auteur: Catherine Tricot