C'est quoi « bloquer le pays » ? les réponses des manifestants

Alès, Paris, Rennes, reportage

Contre la réforme des retraites, les syndicats ont appelé à « bloquer le pays ». La pire des choses pour Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, car ce serait « prendre le risque d’une catastrophe écologique, agricole, sanitaire voire humaine ». Et pour les manifestants ? Le 7 mars, Reporterre est allé rencontrer ceux qui n’ont pas peur de mettre la France à l’arrêt à Paris, Rennes et Alès, dans des cortèges qui n’ont jamais été aussi fournis.

À Alès, « bloquer le pays, c’est… » :

Michèle : « C’est bloquer les raffineries »

« Bloquer le pays, c’est soutenir et protéger ceux qui peuvent vraiment bloquer : les routiers, les gaziers, ceux qui travaillent dans les raffineries. »

Anthony et Émile : « Mettre le capitalisme à genoux »

« Bloquer le pays, c’est arrêter l’économie et mettre le capitalisme à genoux. Regardez autour de vous : la poudre est là, il suffit d’y mettre le feu. »

Valérie : « Bloquer les supermarchés »

« Bloquer le pays, c’est bloquer les supermarchés, car leurs stocks dépendent des camions. En deux jours, ils n’auraient plus d’approvisionnement. Si on touche les gros groupes, qu’ils n’ont plus de rentrées d’argent, peut-être que le gouvernement n’aura plus d’autre choix que de nous écouter. »

Agnès et Julien : « Faire la grève reconductible »

« Bloquer le pays, c’est aller plus loin : faire la grève reconductible, bloquer les raffineries, les centrales nucléaires. À Alès, c’est bloquer la rocade, souder le portail de la sous-préfecture… pourquoi pas ? Ce serait dommage d’en arriver là, mais c’est la méthode du gouvernement de pousser les gens vers les extrêmes. »

À Paris, « bloquer le pays, c’est… » :

Vincent : « Quand on sera tous épuisés par le travail, la France sera à l’arrêt »

« Bloquer le pays, à très long terme, c’est ce qu’il va se passer si l’on continue avec de telles réformes. Le jour où l’on sera tous cassés, épuisés par le travail, la France sera à l’arrêt. Quand il n’y aura plus d’infirmières, d’éboueurs, de maçons, parce qu’ils seront tous usés jusqu’à l’os, là, le pays sera réellement bloqué. »

Juliette : « C’est réfléchir à un autre rapport au temps »

« Pour moi, bloquer le pays, c’est nous donner l’occasion d’inventer un autre avenir, réfléchir à un autre rapport au temps. Acceptons enfin de moins travailler, d’avoir du temps libre, pour s’occuper de la planète, de nos aînées, de la vie associative et de la production alimentaire autonome. Cessons de faire croire que le travail est forcément marchand. »

Pauline : « C’est limiter…

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Auteur: Emmanuel Clévenot, Marie Astier, Scandola Graziani Reporterre