« C'est une exécution » : le premier abattoir mobile mis à l'arrêt

L’abattoir mobile ne passera plus. Le 28 février, l’entreprise Le Bœuf éthique a été placée en liquidation judiciaire. Le projet, mis sur pied il y a un an et demi à l’initiative d’Émilie Jeannin, a été contrait de s’arrêter. Une décision que l’éleveuse de Beurizot, en Côte-d’Or, n’a pas souhaité commenter, n’étant pas en état, a-t-elle précisé à Reporterre.

Ce premier abattoir mobile de France n’aurait jamais existé sans la pugnacité de cette éleveuse, qui a repris la ferme de son père avec son frère Brian. L’idée d’un abattage à la ferme a germé en elle naturellement : dès qu’elle emmenait ses bêtes à la mort, son ventre se nouait. « C’est un rituel particulier, j’ai l’impression de les trahir parce que je les emmène à la mort, c’est compliqué à assumer et à vivre », avait-elle raconté à Reporterre en novembre 2022. Obsédée par les kilomètres à parcourir en camion et les corrals de bêtes anonymisées, elle cherchait « la bonne mort ». Aussi contradictoire que cela puisse paraître.

C’est en 2014 qu’elle a découvert via un ami les abattoirs mobiles en Suède, des camions qui passent de ferme en ferme. Puis en 2018, après des années de lobbying de la part des éleveurs-paysans — dont Émilie — au sein de la Confédération paysanne, la loi Égalim a validé l’expérimentation d’un abattoir mobile en France. Dans les starting-blocks, la quadragénaire a levé des fonds, commandé un camion abattoir pour 1,3 million d’euros et a créé sa société, Le Bœuf éthique, qui employait alors onze salariés. Très vite, une trentaine d’éleveurs de Côte-d’Or et de Saône-et-Loire se sont montrés intéressés.

Le camion a ainsi déployé ses trois unités au cœur des exploitations, une consacrée à l’étourdissement, la saignée puis l’éviscération, les deux autres au ressuyage et au refroidissement. Les carcasses étaient ensuite acheminées à l’abattoir communautaire d’Autun (Saône-et-Loire), géré par la Société d’intérêt collectif agricole (Sica), pour être découpées, car l’atelier de découpe est le seul dont ne disposait pas la société. Les commandes étaient conditionnées sur place par les salariés du Bœuf éthique.

« C’est une exécution »

« L’expérience a réussi à montrer qu’on pouvait faire de l’abattage mobile, assure Jean-Jacques Bailly, de la Confédération paysanne. L’objectif — ne plus envoyer les bêtes sur les routes pour se faire abattre à l’autre bout de la France — était atteint. D’un point de vue sanitaire, l’abattage se passait dans d’excellentes conditions. Mais économiquement, Émilie Jeannin a subi une conjoncture compliquée. »

D’une part, le…

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Auteur: Laure Noualhat Reporterre