Cette année, « la sécheresse pourrait être historique »

Climat

L’été n’a plus le monopole de la sécheresse, ni de l’anxiété qui l’accompagne. Dans la continuité des mois de janvier et février, les nuages en mars n’ont laissé tomber que de très rares gouttelettes de pluie sur le pourtour méditerranéen. Des Pyrénées-Orientales au sud du Gard, le déficit pluviométrique a dépassé 75 %… s’envolant même parfois à plus de 90 % sur le littoral. Plus à l’est, et alors que le printemps pointe tout juste le bout de son nez, les départements des Alpes-Maritimes et du Var pourraient être placés en alerte « sécheresse ».

Dans cette région, en l’espace de sept mois, le lac du Broc, aux notes turquoise, a perdu pas moins de 7 mètres de hauteur. Et déjà une centaine d’hectares de forêt est partie en fumée.

Dans certaines communes, les restrictions commencent à tomber. Le 11 mars, les 800 habitants du village de Touët-sur-Var, dans les Alpes-Maritimes, ont découvert sur le tableau d’affichage de leur mairie un arrêté préfectoral à l’air estival. Celui-ci précise que les vidanges, remplissages des piscines, arrosages des jardins, lavages des véhicules et arrosages agricoles sont désormais proscrits, et ce, au moins jusqu’en mai. « J’en ai connu des périodes de sécheresse, mais si tôt dans l’année, c’est exceptionnel, dit à Reporterre Roger Ciais, édile depuis trente-sept ans. Pour alimenter le village, nous sommes obligés de pomper l’eau sous le lit du Var grâce à nos forages. » Pour attirer l’attention des citoyens, la municipalité a enfin décidé de fermer le robinet de la fontaine du village.

La dangerosité d’une telle absence de précipitations est pourtant difficilement palpable. Partout éclosent les tulipes et fleurissent les cerisiers, aux milliers de pétales blancs. En réalité, c’est sous nos pieds que se déroule la bataille : « L’hiver est la saison où les nappes souterraines se rechargent, explique à Reporterre l’hydrologue Emma Haziza. Avec le retour du printemps, toutes les pluies à venir vont désormais être réutilisées par la végétation, avant même d’avoir le temps de s’infiltrer en profondeur. Résultat : la végétation sera verte et luxuriante, mais dessous la terre et les nappes phréatiques seront asséchées. »

« Il va falloir être extrêmement vigilants »

À l’heure où les paysans ont les yeux rivés vers le ciel, les prévisions météorologiques semblent apporter un répit provisoire : « On entre dans une période de véritable rafraîchissement des…

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Auteur: Emmanuel Clévenot (Reporterre) Reporterre