Changement climatique en montagne : que dit la science ?

Nous connaissons tous des exemples spectaculaires du changement climatique que la planète est en train de subir, et nous avec. La banquise fond, les canicules se multiplient, les forêts sont ravagées par des feux gigantesques.

En montagne, les glaciers disparaissent et la neige est de moins en moins présente. Peu épais et peu étendu, le manteau neigeux se liquéfie précocement au printemps et apparaît plus tardivement en automne et en hiver. La diminution de masse glaciaire s’est fortement accélérée depuis le début du XXIe siècle : entre 2000 et 2004, les glaciers ont perdu annuellement 227 gigatonnes, et cette perte s’est élevée à 298 gigatonnes par an entre 2015 et 2019, montre cette étude.

En conséquence, la période de croissance de la végétation – durant laquelle la température de l’air reste supérieure à 5 °C – augmente. Est-ce une bonne chose ? Non, comme on peut le comprendre dans la vidéo ci-dessous.

« Comprendre le changement climatique dans les Alpes » (CREA Mont-Blanc).

Que sait la science du changement climatique en montagne et pourquoi y est-il plus fort qu’en plaine ? Le réchauffement dépend de l’altitude : cela a été vérifié à l’échelle mondiale et régionale. Ainsi, il se produit plus rapidement en altitude où son impact sera alors plus fortement ressenti.

Si l’on peut mesurer ces effets concrets du changement climatique et les relier à une augmentation mondiale du CO2 dans l’atmosphère, les mécanismes à l’œuvre ne sont pas parfaitement compris, en particulier dans les zones de montagne. Cela vous étonne ? Et pourtant, la science ne sait pas encore tout sur tout !

Spirale négative

Un premier mécanisme à considérer est la capacité d’une surface à réfléchir la lumière, ce qu’on appelle l’albédo. Les surfaces blanches, comme la neige, réfléchissent davantage le rayonnement solaire que les surfaces sombres (et possèdent donc un albédo plus élevé). Par conséquent, le rayonnement réfléchi ne chauffera pas ces surfaces claires ou blanches.

En moyenne, les surfaces terrestres reflètent environ 30 % de la lumière du soleil, mais cette capacité est considérablement augmentée pour les montagnes couvertes de neige, avec par exemple un albedo de 70 % détecté dans les montagnes suisses observées dans cette étude. La neige fraîche peut refléter jusqu’à 87 % du rayonnement.

La fonte précoce du manteau neigeux et le retrait des glaciers laissent des terres rocheuses et stériles pendant de plus longues périodes. Ces terres stériles reflètent moins le rayonnement solaire que la neige blanche ou la glace. En conséquence, ces endroits se réchauffent et conservent également la chaleur plus longtemps. On entre alors dans une spirale négative qui amplifie encore l’effet du réchauffement, surtout dans les zones…

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Auteur: Dirk S. Schmeller, Professor for Conservation Biology, Axa Chair for Functional Mountain Ecology at the École Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse, Université de Toulouse III – Paul Sabatier