Changement climatique : les sociétés en discutent depuis plusieurs siècles

En 1820, Inquiet d’une irrégularité croissante des saisons et des phénomènes météorologiques exceptionnels, le gouvernement monarchique de la Restauration lança une enquête nationale visant à déterminer les effets du dérèglement climatique qu’aurait connu le pays depuis trente ans. Bien qu’ayant produit un incroyable lot de témoignages sur la perception de l’environnement, la « circulaire no 18 » termina sa vie dans les cartons de ce qui deviendra Météo France.

Près de deux cents ans plus tard, lorsque les historiens de l’environnement Jean-Baptiste Fressoz et Fabien Locher mirent la main sur ces précieuses archives, ils comprirent aussitôt qu’ils tenaient là la matière d’un nouvel ouvrage. Cependant, Les Révoltes du ciel dépasse le cadre de cette seule enquête et élargit la perspective historique à l’ensemble de l’époque moderne, du XVe au XIXe siècle. Et il montre que, contrairement à ce que laisse entendre le grand récit de la « prise de conscience » écologiste dans les années 1970, il n’a pas fallu attendre le XXe siècle pour découvrir le coût environnemental des sociétés humaines. Au contraire, l’une des caractéristiques de l’époque moderne est de « penser, avec effroi mais surtout exaltation, la puissance de l’Homme sur la nature ».

Cette foi dans la force de l’agir humain prend sa source dans la colonisation des Amériques. Si Christophe Colomb débarquant aux Caraïbes rêva aussitôt de transformer leurs forêts tropicales en plantations agricoles, c’est parce que son projet bénéficiait d’une conjoncture historique favorable. C’est en effet le moment de rencontre entre la soif d’une gouvernance impériale européenne et le rêve d’un contrôle de la nature. L’optimisme colonial dont se parèrent Colomb et ses successeurs vendit alors aux différents souverains européens les colonies américaines comme « des terrains d’expérimentation pour la philosophie de contrôle de la nature et pour un gouvernement piloté par l’arithmétique politique ».

« Le basculement fondamental de l’optimisme colonisateur à l’angoisse de l’effondrement…

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Auteur: Maxime Lerolle Reporterre