Chasse à la chasse : récentes mises en acte de la souveraineté anishinabée

En février 2020, les principales lignes de chemin de fer entre Toronto et l’océan Atlantique ont été bloquées pendant plusieurs semaines en soutien à la lutte des Wet’suewet’en de la côte ouest contre le pipeline de Coastal Gaslink. Par -30 degrés Celsius, des Mohawks de Tyendinaga et Kahnawake, des Mi’kmaqs de Listiguj et tant d’autres traditionalistes autochtones à travers le continent ont paralysé la quasi entièreté du trafic ferroviaire dans le pays.

À Montréal, on pouvait voir les containers s’accumuler dans le port sur des kilomètres. On annonçait des pénuries de propane et de moulée pour le bétail. Suivant l’appel des autochtones à paralyser les infrastructures qui traversent systématiquement leur territoire, des alliés allochtones ont érigé un blocage de quatre chemins de fer majeurs au sud de Montréal, qui restera en place pendant trois jours. On a ainsi appris qu’en plaçant des objets, de la neige ou nos corps sur les rails, une inspection était requise pour que les trains reprennent leur trajet.

Nous vivons toujours de l’énergie insufflée par ce moment d’occupation coupé en plein vol par la pandémie qui a montré le potentiel que portent les mouvements autochtones. Comme l’écrit l’auteure anishinabée Leanne Betasamosake Simpson, un blocage est toujours à la fois une négation de la destruction et une affirmation de la vie. Comme un barrage de castor, on peut le considérer depuis le point de vue de l’eau qu’il empêche de couler, ou bien de tout ce qui en émerge comme possibilité de vie : un grand bassin pour les poissons, des espaces pour que les orignaux puissent se rafraîchir, de l’eau tiède pour les amphibiens et les insectes. Les blocages font partie d’une tradition de réinvention de la vie en commun, de la réémergence de mondes vivables.

Cet automne, juste avant l’annonce d’un reconfinement en force du Québec et de l’Ontario, de nombreuses luttes pour…

Auteur: lundimatin
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