Chasse et grippe aviaire : le business avant les risques sanitaires

Danièle Boone est journaliste, écrivaine et photographe, spécialiste de l’environnement et du voyage. Elle est notamment l’autrice d’Accueillir les insectes dans mon jardin (Éd. Jouvence, 2019) et de Je sauve les oiseaux (éd. Rustica, 2020).


Lors du premier confinement, du 17 mars au 11 mai 2020, des chasseurs avaient obtenu, sur autorisation préfectorale, un droit de chasse au motif de « réguler » diverses espèces, les sangliers notamment, pour protéger cultures et exploitations forestières.

Aujourd’hui, les chasseurs prétendent voler à nouveau au secours du monde agricole pour « sauver » les éleveurs de petits gibiers, tels que les faisans, perdrix rouges ou canards colverts, qui n’ont pas pu écouler leur production durant le second confinement. La chasse avait alors été interrompue pendant quatre semaines à partir du début de l’état d’urgence sanitaire, le 14 novembre 2020 — les déplacements pour pratique sportive étant limités à une heure dans un rayon d’un kilomètre.

Plusieurs préfets ont souscrit à leur demande et ont prolongé jusqu’à fin janvier, voire mi-février, les chasses au petit gibier — qui ferment habituellement courant décembre ou janvier. Ils ont ainsi autorisé les lâchers de volatiles malgré les menaces de contamination de grippe aviaire, dont les oiseaux sauvages sont les vecteurs. Lors de leur voyage vers le Sud, ils s’arrêtent pour des pauses migratoires d’un ou plusieurs jours et peuvent à cette occasion, s’ils sont contaminés, disséminer le virus.

Les oiseaux sont libérés juste avant la tuerie

L’ensemble du territoire national métropolitain a pourtant été placé en niveau élevé de risque épizootique de grippe aviaire par un arrêté du ministère de l’Agriculture et de l’alimentation en date du 16 novembre 2020, donc bien avant la prise de ces arrêtés, courant décembre. Des cas d’Influenza aviaire ont été répertoriés parmi la faune sauvage de plusieurs départements, dont les Bouches-du-Rhône, le Calvados, la Corse, la Loire-Atlantique, le Loir-et-Cher, la Meurthe-et-Moselle, le Morbihan, et le nombre d’élevages de volailles…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre