Chasse : les balles en plomb empoisonnent les rapaces

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La nouvelle a de quoi mettre du plomb dans l’aile aux efforts de conservation de la biodiversité. Selon une étude parue mercredi 16 mars dans la revue Science of the total environnement menée par des chercheurs de l’université de Cambridge, l’ingestion de plomb issu des munitions de chasse empoisonne fortement les rapaces.

Les auteurs de l’étude estiment que les populations européennes de rapaces adultes de dix espèces cibles — les plus vulnérables au plomb — sont en moyenne 6 % plus petites qu’elles ne le seraient si elles n’avaient pas avalé ce métal. En cause, le saturnisme, une intoxication liée à l’ingestion de plomb qui cause chez les animaux des troubles neurologiques et moteurs. Résultat ? 55 000 oiseaux adultes en moins dans le ciel européen. 8 000 tonnes de plomb seraient déversées chaque année dans la nature, selon un chiffre relayé par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en 1999 — sans compter les amateurs de tir sportif et les pêcheurs au plomb.

Le vautour fauve (Gyps fulvus), l’aigle royal (Aquila chrysaetos), le pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla), la buse variable (Buteo buteo) ou le milan royal (Milvus milvus) sont en tête de liste. Ces rapaces sont en partie nécrophages, c’est-à-dire qu’ils consomment des cadavres. Or leurs proies ingèrent des petites billes de plomb, ou peuvent avoir été blessées à cause d’un tir de chasseur, contaminant ainsi toute la chaîne alimentaire. « Il a fallu des décennies aux chercheurs de toute l’Europe pour accumuler suffisamment de données pour nous permettre de calculer l’impact du saturnisme sur les populations de rapaces », déclare dans un communiqué la professeure Debbie Pain de l’université de Cambridge, coautrice de l’étude.

Plus il y a de chasseurs, plus il y a empoisonnement

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont utilisé des données recueillies depuis les années 1970 à partir du foie de milliers de rapaces morts dans treize pays et ont établi une relation avec le nombre moyen de chasseurs par kilomètre carré. Les résultats sont clairs : les endroits où la densité de chasseurs est la plus élevée comptent davantage de rapaces empoisonnés.

« Jusqu’à maintenant, les études portaient à un niveau individuel seulement. Cette étude est importante car elle s’est focalisée sur les populations », déclare à Reporterre Julien Terraube, chercheur au Vulture Conservation Foundation. « Beaucoup de menaces…

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Auteur: Théo Tzelepoglou Reporterre