Cheikh Jarrah : diagnostique d'un mépris colonial

Partie apparente de l’iceberg, la question du quartier de Cheikh Jarrah n’est que symptomatique de ce que l’on pourrait nommer le mépris colonial, le reflet d’un héritage suprématiste blanc, celui d’une entité ancrée dans les formes de nationalismes les plus toxiques que l’Europe a pu engendrer durant le siècle dernier.

De l’impossibilité palestinienne : déconstruire les frontières épistémiques, incarner une praxis de libération

« But here, as with most of the other matters in the question of Palestine, we need to connect things with each other, and see them, not as they are hidden […], but as they are ignored or denied ».

Edward Saïd, The Question of Palestine.

Ce que cette actualité nous démontre, une fois encore, c’est bel et bien le caractère central qu’occupe la colonie dans la construction du mythe collectif de la nation israélienne. En effet, dans la perspective d’une lecture fanonienne, nous pouvons clairement percevoir le rôle central que joue la race dans l’émergence de la soi-disant identité nationale israélienne et comment elle forge au finale le corps même de cette appartenance.

Israël, de par les racines idéologiques du nationalisme suprématiste qui sont à l’origine de son mythe fondateur, idéologie imprégnée des pratiques coloniales les plus sanglantes de l’époque, s’inscrit dans la lignée des pratiques et des clivages ségrégationnistes de cet héritage. En effet, cette racialisation qui caractérise si clairement ses pratiques encore (voir surtout) aujourd’hui, est ce qui lui permet de revendiquer une certaine supériorité qui, entre autre par exemple, se manifeste sous le fameux slogan de seule démocratie du Moyen Orient.

Ce racisme et cette discrimination raciale font donc partie intégrante de l’organisation sociétale, étatique et politique qui structure l’identité même d’Israël. Le potentiel fascisant inhérent au contexte et à la doctrine même du sionisme comme théorie fondatrice de l’État israélien parait donc plus clairement à la lumière d’une généalogie idéologique des pratiques de cet État. De la Nakba de 48, au nettoyage ethnique auquel nous assistons aujourd’hui et en passant par la dépossession de terres et maisons, une seule et unique réalité se démarque de manière constante depuis plus de 73 ans dans cette région du monde, à savoir : le colonialisme de peuplement.

En effet, dans cette arithmétique coloniale, la question qui se pose à nous est celle de savoir comment les opérations de pouvoir dans un…

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Auteur: lundimatin