Chez les Verts, l'essor discret des pronucléaires

« Je sais. Jancovici il est malin, il est très bon, il fait de très belles vidéos… » Devant un parterre d’étudiants parisiens, Yannick Jadot ne cache plus son spleen. Pourtant jusque-là, tout se passait bien. L’amphi était réceptif, les saillies faisaient mouche et donnaient quelques applaudissements nourris. Courtois, les jeunes à la tribune, tous en costard, n’étaient pas particulièrement véhéments. Mais une question le poursuit, d’un campus à l’autre : « Monsieur Jadot, le nucléaire est-il vraiment une solution à bannir ? » Agacé, l’intéressé ne se démonte pas : « J’espère que les jeunes de ce pays s’enthousiasment moins pour une centrale nucléaire ou pour un pipeline dégueulasse en Afrique de Total, que pour les énergies renouvelables de demain. »

Pas sûr. Entre le combat antinucléaire et la défense du climat, la hiérarchie des luttes a changé pour beaucoup de nouveaux écolos, nombreux dans le public. Et Yannick Jadot le sait. Ce basculement résonne aussi chez lui, au sein d’Europe-Écologie-Les Verts (EELV), où un discours plus conciliant avec l’atome infuse doucement parmi les militants.

Réunion des soutiens de Jadot dans le 6e arrondissement de Paris. © Roni Gocer / Reporterre

Plusieurs signaux en témoignent. La commission énergie du parti, chargée d’organiser les débats en interne, a déjà alerté le bureau exécutif au sujet des adhésions de pronucléaires. « On a eu un afflux de nouveaux profils après les européennes et les municipales, dont certains étaient très influencés par Jancovici et le Shift Project », explique le coresponsable de la commission, Elli Tessier. « Quelques-uns ont même rejoint notre commission pour débattre, avec une volonté de faire évoluer nos positions. Notamment sur notre calendrier de sortie du nucléaire. Pour autant, ils restent minoritaires. »

Même son de cloche pour la coprésidente des Jeunes écologistes, Camille Hachez, qui reconnaît du bout des lèvres un changement : « On a bien quelques adhérents qui peuvent être plus ouverts qu’avant là-dessus… Mais de toute façon, on parle assez peu du nucléaire entre nous, ce n’est pas notre sujet de préoccupation principal. »

« La sortie en 2045 est tellement rapide, qu’on n’aura pas le temps de développer les énergies renouvelables »

Réunis dans un pub après l’oral de leur candidat — ambiance troisième mi-temps — les Jeunes avec Jadot semblent plus loquaces sur le sujet. « Sa réponse [de Yannick Jadot], sur les centrales…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre