Chili : bientôt plus d'eau aux robinets de Santiago ?

Chili, correspondance

La rivière Mapocho, qui traverse la métropole installée au pied de la cordillère des Andes et de ses glaciers, est asséchée. Son débit aurait baissé de 57 % en 2021, quatrième année la plus sèche enregistrée au XXIe siècle, selon la Direction météorologique du Chili.

Face à cette situation inédite, le gouverneur de l’agglomération de Santiago, Claudio Orrego, a annoncé le 11 avril que « pour la première fois dans son histoire, Santiago a [désormais] un plan de rationnement de l’eau, conséquence de la gravité du dérèglement climatique ». Il a ajouté qu’« une ville ne peut pas vivre sans eau », et qu’il faut se préparer « au fait qu’il n’y ait pas suffisamment d’eau pour tous ceux vivant ici ». Désormais en vigueur, ce protocole ne s’appliquera qu’en cas de besoin en fonction de la disponibilité en eau, et restera actif jusqu’à nouvel ordre du gouverneur.

Afin d’éviter le fameux « jour zéro », date limite où l’eau ne coule plus au robinet, la région de Santiago — où vivent 8 millions d’habitants — a proposé un plan graduel de restrictions, en fonction de la disponibilité en eau. Les deux premiers paliers réduisent l’usage des eaux non indispensables (principalement celles utilisées pour irriguer les jardins ou pour les piscines) et la baisse de la pression au robinet. Le niveau rouge, palier le plus élevé, prévoit des coupures rotatives pouvant aller jusqu’à 24 heures. Les entreprises qui fournissent de l’eau potable ont désormais le droit d’effectuer ces coupures tous les 12, 6 et 4 jours, selon le déficit à couvrir.

Le Mapocho asséché, traversant Santiago, en 2016. Wikimedia Commons/CC BY-SA 4.0/Alvareznelson

« Il est important de souligner que le rationnement ne concerne que trois municipalités de Santiago [environ 1 million d’habitants sur les 8 millions de la région métropolitaine], où la consommation d’eau par habitant est la plus élevée, explique à Reporterre Chloé Nicolas Artero, géographe spécialisée sur les questions hydriques au Centre des sciences du climat et de la résilience du Chili (CR2). Ce sont les quartiers les plus cossus, comme Lo Barnechea qui consomme environ 500 litres par habitant par jour [notamment pour arroser et remplir les piscines]. Alors qu’à deux pas de Santiago, dans les zones rurales, des centaines de milliers d’habitants se font livrer par camions-citernes 50 litres d’eau par jour, minimum établi par l’Office national des urgences du Chili. »

La…

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Auteur: Marion Esnault Reporterre