Chili : la gauche pourrait revenir au pouvoir après 50 ans de néolibéralisme

Valparaíso (Chili), correspondance

Qui succédera au président milliardaire du Chili ? L’élection présidentielle de 2021 pourrait faire basculer le pays andin à gauche et rompre avec les forces politiques conservatrices qui avaient poursuivi les politiques néolibérales instaurées sous Pinochet (1973-1990). Le sortant, Sebastian Piñera, 71 ans, l’un des hommes les plus riches du pays, a bien failli ne pas finir son deuxième mandat et laisser son nom dans les livres d’histoire comme le premier président chilien destitué. Le Sénat, où l’opposition est pourtant majoritaire, l’a sauvé de cet affront mardi 16 novembre en rejetant la requête constitutionnelle de destitution approuvée par la première chambre parlementaire.

Les déboires de Piñera ont commencé en octobre dernier, quand les Pandora Papers — 11,9 millions de documents faisant état de fraude et d’évasion fiscale dans les paradis fiscaux du monde entier — ont révélé un possible conflit d’intérêts impliquant le chef de l’État dans la vente en 2010 de la compagnie minière Dominga. L’enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et à laquelle a participé Ciper, l’un des seuls journaux indépendants chiliens, a montré qu’une des entreprises familiales de Sebastian Piñera avait vendu sa part de la compagnie pour 138 millions de dollars, en trois versements, à un proche, Carlos Alberto Délano.

Le manchot de Humboldt, espèce menacée, témoigne de la biodiversité qui serait mise en danger si d’immenses infrastructures étaient construites dans son habitat. CC BY 2.0 / Alex Proimos / Wikimedia Commons

Le dernier des versements a été conditionné à l’engagement qu’aucune zone de protection environnementale ne soit établie sur la zone de la mine. Pourtant, ce projet minier implique la construction d’un port d’exportation sur un site où la biodiversité marine est unique et l’installation d’une usine de désalinisation dans une région qui vit une sécheresse majeure depuis dix ans.

« Ce projet se trouve dans un endroit d’une biodiversité particulière. »

Le projet minier de la Dominga a fait irruption à plusieurs reprises ces dix dernières années dans l’actualité politique chilienne. Il avait été abandonné sous la présidence de Michelle Bachelet (sociale-démocrate) en 2017 mais a ressurgi en août 2021, avant la révélation des Pandora Papers, quand il a été de nouveau approuvé par le gouvernement Piñera. Marcelo Mena, ministre de l’Environnement à…

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Auteur: Marion Esnault Reporterre