Chili, l’espoir du changement …

Le 4 septembre au Chili, plus de 15 millions d’électeurs devront se prononcer sur une nouvelle Constitution proposée par la Convention constitutionnelle. Ce référendum est la dernière étape du processus constituant convenu dans l’Accord pour la paix sociale et la nouvelle Constitution signé en novembre 2019 par les partis traditionnels chilien de droite et de centre-gauche, et par le Frente Amplio dirigé par l’actuel président Gabriel Boric. Ce processus a eu pour objectif de canaliser par les institutions la révolte historique qui a secoué le régime chilien en 2019. Le 4 juillet, la Convention constitutionnelle a présenté le texte à soumettre à l’opinion populaire, et deux jours plus tard, la campagne pour le « Oui » et pour le « Non » a officiellement débuté. Malgré les énormes attentes suscitées par le nouveau processus constituant, l’issue du référendum reste aujourd’hui incertaine. Pour en discuter, nous avons interviewé Elías Muñoz, rédacteur en chef de La Izquierda Diario au Chili.

La Izquierda Diario : La Convention constitutionnelle a enfin présenté le texte qui sera soumis au peuple chilien en septembre. Par rapport à l’océan de revendications formulées par les différents secteurs dans la rue lors du soulèvement populaire de 2019, qu’est-ce qui a été gagné et qu’est-ce qui a été laissé de côté ?

Elías Muñoz : Le nouveau texte de la Constitution reconnaît plusieurs droits pour lesquels le peuple s’est battu dans la rue pendant des décennies, et ce bien avant la révolte. Mais il en exclut également beaucoup d’autres, et surtout, il laisse en place plusieurs des piliers les plus détestables sur lesquels repose le capitalisme chilien. Un droit important qui a été obtenu dans le nouveau texte est l’interruption volontaire de grossesse (IVG). La lutte des femmes au Chili avait déjà permis de dépénaliser l’avortement en cas de viol ou en cas de risque pour la mère ou de non-viabilité du fœtus. Ces luttes ont pris leur essor dans le feu de la marée verte en Argentine [mouvement massif des femmes en Argentine pour le droit à l’avortement, NDLR], comme dans le reste du monde, et aujourd’hui le texte de la nouvelle Constitution reconnaît ce droit sans restriction pour les femmes chiliennes. D’autres droits importants qui pourraient être gagnés sont des droits fondamentaux du travail tels que le droit de grève, qui est actuellement limité au secteur public, la négociation syndicale par branche productive, pour laquelle un nouveau code du…

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Auteur: Claude Morizur