Chlordécone : des milliers de manifestants exigent un procès pour obtenir justice et vérité

A l’appel d’une quarantaine d’organisations de tous bords, plus de 10 000 personnes ont manifesté samedi en Martinique et en Guadeloupe pour exiger un procès en bonne et due forme sur le dossier du chlordécone. Fin janvier, la menace de la prescription de l’affaire, qui annulerait la tenue d’un procès, a déclenché une nouvelle vague de mobilisation aux Antilles françaises. Depuis 15 ans, la population se bat pour obtenir justice et réparation sur le scandale sanitaire du chlordécone, utilisé dans les plantations de banane, ayant contaminé plus de 90 % de la population adulte martiniquaise et guadeloupéenne ainsi que les sols et l’eau des îles.

Samedi 27 février, des milliers de manifestants ont défilé en Martinique et en Guadeloupe afin de clamer leur soif de vérité et de justice, contre les personnes impliquées dans le scandale du chlordécone avec un seul mot d’ordre : « non à l’impunité ».

Dès 2006, les premières plaintes avaient été déposées contre les responsables de l’utilisation du chlordécone dans les cultures de bananes antillaises, un pesticide ultra-toxique. Déjà 15 ans d’attente, un temps incroyablement long, même pour l’administration française, pour mettre en place une instruction.

Aussi, lorsque les associations de Martinique et de Guadeloupe ont enfin été auditionnées en visioconférence par le tribunal de grande instance de Paris les 20 et 21 janvier 2021, elles étaient loin de se douter de ce qu’on leur annoncerait.

Durant cette audition, les juges d’instruction, en charge de l’affaire depuis 2008, ont annoncé aux associations plaignantes qu’il pourrait y avoir « prescription des faits » et que le dossier pourrait donc déboucher sur un non-lieu.

« Quinze ans après le dépôt de notre plainte, le tribunal auditionne les parties civiles pour la première fois, et on nous dit qu’il y aura prescription. Mais c’est du mépris ! » s’insurge Jean-Marie Nomertin, secrétaire général du syndicat guadeloupéen CGTG, qui figure parmi les plaignants, auprès du journal LeMonde. « La justice ne nous laisse pas le choix, il va falloir multiplier les actions », avertit le syndicaliste.

Un mois après, l’émoi populaire s’est transformé en une grande mobilisation festive et déterminée. En kreyol et en chantant, des milliers de Martiniquais ont investi les rues de Fort-de-France et quelques centaines de personnes celles de Capesterre-Belle-Eau pour exprimer leur volonté d’obtenir justice et vérité sur le…

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Auteur: Laurie Debove