Voilà un chiffre qui ne va pas arranger les affaires du gouvernement, alors que celui-ci cherche à culpabiliser les chômeurs et affirme depuis des semaines qu’il faut modifier – à la baisse bien sûr – leurs indemnités chômage pour qu’ils prennent les emplois vacants dans certains secteurs d’activité.
Selon les calculs de Bruno Coquet, docteur en Économie et chercheur associé à l’OFCE, environ 36 % des chômeurs sont aujourd’hui indemnisés par l’Unédic. À peine plus d’un sur trois au lieu d’un sur deux à la fin des années 2000. Un chiffre en chute libre depuis 10 ans, à l’exception de la période de la pandémie où les règles d’indemnisation avaient été assouplies. Un calcul jugé crédible par Denis Gravouil, négociateur CGT pour l’assurance chômage. « C’est logique puisqu’avant la réforme qui durcissait les seuils d’affiliation on était à 42 % », estime le syndicaliste, également membre du conseil d’administration de l’Unédic. Et un chiffre corroboré par une de nos source à Pôle emploi.
Pour justifier de raboter encore les droits des demandeurs d’emploi, Emmanuel Macron, comme son ministre du Travail Olivier Dussopt, ne cessent depuis l’été de présenter comme inacceptable qu’il y ait des chômeurs alors que certains secteurs d’activité déclarent des difficultés de recrutement. Leur volonté est ainsi de moduler l’indemnisation chômage : à la baisse lorsque l’économie va bien, selon des indicateurs que le gouvernement veut soumettre aux syndicats et au patronat. Et à la hausse en cas de dégradation du marché de l’emploi.
Pourtant, pour Laurent Berger « ce n’est pas en réduisant les droits des chômeurs qu’on atteindra le plein-emploi ». Dans un entretien donné au journal Le Monde, le secrétaire général de la CFDT affirmait mardi 30 août que les offres d’emplois non pourvus proviennent pour plus de 30 % d’entre-elles d’un manque de gens formés, pour 25 autres pour cent d’un manque d’attractivité des emplois et pour 20 % de plus d’un peu de ces deux causes. En tout cas, avec seulement 36 % des demandeurs d’emploi indemnisés, la communication du gouvernement visant à rendre les chômeurs coupables du chômage passe pour ce quelle est : de la communication.
Photo : graphique réalisé à partir des calculs de Bruno Coquet, docteur en économie.
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Auteur: Stéphane Ortega