Chomsky n'est pas un ami de la révolution syrienne

Nous publions cette semaine une traduction d’un article rédigé par Yassin al Haj Saleh, écrivain, intellectuel syrien, membre de l’opposition communiste au régime Assad, qui a passé 16 ans en détention – et un des rares auteurs syriens contemporains dont une partie de l’oeuvre a effectivement été traduite en français.

Après avoir traduit un de ses ouvrages, l’auteur analyse les (nombreux) écueils des hypothèses du philosophe Noam Chomsky, en découpant une par une ses positions sur la situation politique en Syrie et la révolution syrienne (dont il semblerait que le célèbre philosophe ignore jusqu’à la date de début).

Chomsky considère la lutte syrienne, au milieu d’autres, au seul prisme de l’impérialisme américain. Relativisme, désinvolture, aveuglement, orientalisme ou ignorance ? On laisse nos lecteurs se faire un avis sur la question.

Cet article a été publié ici, nous en proposons un traduction de l’anglais par Pierre Madelin.

Trois semaines à peine suite à ma libération après 16 ans de prison en Syrie, j’ai commencé à traduire un livre en arabe. Il s’agissait de Powers and Prospects : Reflections on Human Nature and the Social Order, de Noam Chomsky. Il m’avait fallu un certain temps pour réaliser que le linguiste de premier plan et le critique acerbe de l’impérialisme américain étaient la même personne. J’y ai vu un exemple remarquable et indispensable de la responsabilité sociale et politique des scientifiques et des intellectuels. Sa participation active au mouvement des droits civiques et sa mobilisation contre la guerre du Vietnam étaient impressionnantes, tout comme ses nombreux écrits sur la linguistique et la politique. Dans le livre que j’ai traduit, il y avait deux essais sur la linguistique, un sur la responsabilité de l’intellectuel et cinq sur la politique.

Pour les anciens prisonniers politiques communistes qui avaient passé de longues années en détention et avaient vécu la chute du communisme alors qu’ils étaient encore en prison, ce témoin engagé était important. Il nous montrait que la lutte pour la justice et la liberté était encore possible, que nous avions des camarades dans le monde, que nous n’étions pas seuls et que la chute du bloc soviétique n’était pas nécessairement une perte irréparable, qu’elle pouvait être émancipatrice.

Le deuxième livre que j’ai co-traduit avec un autre ancien prisonnier politique était A Life of Dissent de Robert Barsky. Il portait sur la vie et la pensée politique de Chomsky. A…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: dev