Ceci me fut raconté il y a une quarantaine d’années. Une femme algérienne, semi-illettrée, écrit à son fils apprenti boulanger à Paris. Elle ne connaît pas son adresse. Sur l’enveloppe, elle rédige : » a mon fisse, ifilaficelle a paris ». Pour les postiers, c’est le défi, pardon le challenge, de leur vie. Après deux mois d’enquête, ils retrouvent le fils et lui remettent la lettre.
Oui, mais ça, c’était la Poste d’avant. Le seul service, la seule administration qui, rappelons-le, se finançait intégralement.
C’est un formidable livre que le romancier et essayiste Christian Authier vient de nous offrir. Fils de postiers, postier intérimaire lui-même à une époque et aujourd’hui âgé de 54 ans, il a connu de l’intérieur cette administration, ce ministère, ce service public que le monde entier, comme Jean Gabin dans Le Cave se rebiffe, nous envia : « Nous allons donc confier notre petit trésor aux seuls gens qui n’égarent jamais rien, […] j’ai nommé les PTT. »
Un « enfant de La Poste » comme Authier a eu du mal à s’habituer à la vente de DVD de Walt Disney dans les bureaux de poste, à l’invasion des automates, au ralentissement du courrier qui oblige à payer plus cher un service identique à celui qui était moins cher, aux guichets réservés aux entreprises quand le nombre d’employés n’a cessé de diminuer, aux slogans imbéciles du style « Bouger avec la Poste ».
Dans nos contrées, la poste fut mise en place, sous l’appellation de cursus publicus, par l’Empire romain. Réservé aux correspondances officielles, il disparut avec la chute de l’Empire d’Occident. Il fallut attendre Louis XI pour assister à la création d’un Service des chevaucheurs du roi afin de transmettre ses messages, et Henri III pour que les riches puissent correspondre entre eux. Les relais des poste furent installés toutes les sept lieux (28 kilomètres), d’où l’expression des « bottes de sept lieues » de Charles…
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Auteur: Bernard GENSANE