Chronique de Cali, capitale de la résistance.

A Cali, épicentre de la contestation contre le gouvernement de droite de Duque et le narco-État uribiste, l’autorité de l’État est remise en question, tandis que se construisent une conscience collective et un réel pouvoir populaire. Les paysans indigènes convergent vers les points de résistance dans les quartiers et la multitude opprimée se manifeste, se réapproprie son territoire. Les bases d’une révolution sont posées. Les jeunes délaissés par l’État trouvent une reconnaissance en première ligne. Ils s’engagent et risquent leurs vies pour défendre les rêves d’une Colombie plus juste, alors que la répression des forces étatiques et para-étatiques s’intensifie. Chaque nuit, de nouveaux cas d’assassinats sont signalés et plusieurs ONG ont dénoncé la découverte de fosses communes.

Depuis le début de la grève nationale, la ville de Santiago de Cali, capitale du Valle del Cauca, dans le sud-ouest du pays, est devenue la capitale de la résistance colombienne. Le 28 avril, les foules ont convergé des quartiers vers le centre. Des banques et des supermarchés ont été pillés, les manifestants ont occupé l’espace, renversé la statue de Sebastián Belalcázar, le libérateur de Cali. Ils se sont emparés de la ville, ne serait-ce que pour quelques heures. Quelques heures qui ont marqué le symbole que Cali allait devenir. Épicentre de la grève nationale.

La réponse des autorités, contestées, ne s’est pas fait attendre. Le maire de Cali, la gouverneure du Valle del Cauca et le président Ivan Duque lui-même ont exigé la répression et la judiciarisation maximales du mouvement social. En quelques jours, l’armée a pris le contrôle de la ville, aux mains du général Zapateiro. Quelques semaines plus tard, des soldats montent encore la garde à la plupart des coins de rue et devant les bâtiments institutionnels. Il convient de mentionner que jusqu’à présent, les personnes assassinées, qui se comptent par dizaines à Cali, et les disparus, par centaines, l’ont été aux mains de la police ou de l’Esmad, la brigade anti-émeute.

’Pour les hommes et les femmes qui sont en première ligne, parce qu’il y a aussi des femmes, et il faut que cela soit clair, le fait d’être en première ligne leur donne accès à une identité totalement nouvelle, qui les rend visibles et leur offre une reconnaissance à l’intérieur et à l’extérieur des quartiers. Des personnes qui étaient auparavant exclues et invisibles ont désormais une raison d’être’, explique Alexandra,…

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Auteur: lundimatin