Chronique d'un sombre mois de novembre dans un lycée français

Cet article est extrait du 31e numéro du journal papier breton Harz-Labour, téléchargeable ici.

« Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n’est plus pareil et tout est abîmé
C’est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n’est même plus l’orage
De fer d’acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l’eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien. »Barbara, Jacques Prévert.

« Quand est-ce que j’avais perdu la rage ? Pourtant elle m’avait tenu le ventre longtemps après ma libération. Je l’avais entretenue soigneusement, comme une relique, comme une revanche. En tout cas, elle m’avait abandonné ! Enfin… Pas tout à fait. Je me suis rendu compte que si je n’avais effectivement rien oublié, j’avais pardonné. C’était aussi con que ça. Je n’en voulais plus à personne. Ça ne veut pas dire que j’étais vide de haine, loin de là, mais elle n’allait plus à un sergent vicieux ou à un caporal sadique…Non ; ma haine était toute entière dirigée vers l’inertie collective et ma propre résignation face au système. J’avais fait la paix avec presque tout le reste… »Dallas Cowboy, Manu Larcenet.

J’ai ouvert les volets ce matin, le ciel était gris et j’entendais au loin les camions sur la voie rapide. Ce matin de grève, je ne me presse pas. Je n’ai légitimement aucune raison de me presser. Des collègues ont prévu d’aller à Nantes manifester, je leur ai demandé de me raconter, jeudi, quand je les reverrai. Ce matin est un jour de grève, et ce matin je n’irai pas manifester.

La manifestation sera probablement calme, avec peu de monde. Il y aura les syndicats, il y aura des collègues en vêtements de pluie, peut être quelques élèves, des policiers et des journalistes. Il y aura un petit tour du centre-ville, encadré par la police. Chacun, avant de…

Auteur: lundimatin
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