Chronique lecture : “Les couleurs de l’ombre”


«Les couleurs de l’ombre» de Khaled Miloudi, Éditions des équateurs (2022)


Khaled Miloudi nous transmet un récit de vie poignant qui conte une existence marquée par la violence sociale, coloniale, patriarcale et carcérale. Et face à l’inhumanité, le pouvoir des mots et de la poésie comme unique évasion, pour affronter un «système qui broie, qui lamine et qui tue».

Né en Algérie en 1960, durant la guerre d’indépendance, Khaled Miloudi est un ancien braqueur devenu poète qui a passé la majeure partie de sa vie en prison. Dans ce libre, il nous partage son histoire, son enfance marquée par l’horreur de la guerre et des atrocités commises par l’OAS – l’Organisation Armée Secrète, groupe terroriste d’extrême droite pour l’Algérie française –, son arrivée en France ballotté de ville en ville, la précarité, le racisme, la violence d’un père, et puis l’injustice. L’injustice constante d’une société sourde. Le “deux poids deux mesures” de l’institution judiciaire, la violence impunie de la police et des matons. L’expérience déshumanisante de l’enfermement, où «votre identité s’efface au profit d’un numéro d’écrou». Et les peines se succèdent, jusqu’à y passer plus de vingt années de sa vie.

Khaled Miloudi se tourne alors vers l’écriture comme dernier moyen de survie. «La corde ou la plume» explique-t-il, voilà le choix qui s’offrait à lui. L’écriture comme seul lien vers les autres, malgré l’isolement et l’enfermement. Il lève ainsi le voile de l’impunité sur les actes de torture de l’administration pénitentiaire, les conditions de détention inhumaines, l’ignominie du mitard – l’isolement. Il décrit comment la prison, et notamment le statut de détenu particulièrement surveillé – DPS – atteint les proches, provoque une réelle coupure sociale : «les proches sont mis dans le même sac que les prisonniers auxquels ils rendent visite,…

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Auteur: B