Chroniques d'Ukraine #7

Habitué des zones de conflit, le chercheur français Romain Huët s’est rendu pendant un mois en Ukraine afin de documenter le vécu quotidien de la guerre, cette « expérience de l’écroulement du monde ». Nous publions cette semaine ses 6e et 7e Chroniques d’Ukraine.

lundisoir dernier, Romain Huët discutait avec Perrine Poupain et Nolig de leurs retours d’Ukraine, l’émission est accessible ici. Elle fait suite à la discussion entamée au lendemain du déclenchement de la guerre.

1er mai 2022, Kramatorsk et Severodonetsk.

Quitter Kharkiv a été une épreuve douloureuse. Je me suis attaché à beaucoup de volontaires. Le départ et le malaise qui l’accompagne révèlent l’asymétrie du rapport entre l’observateur et les volontaires. Ils restent, tandis que j’ai une liberté de mouvement et que je n’ai vécu leur quotidien que pour une durée provisoire.

Après nos adieux et nos promesses de maintenir les liens en toutes circonstances, je me rends dans un autre centre de volontariat, dans le Donbass, à Kramatorsk — puis à Severodonetsk. La situation militaire semble bien plus défavorable qu’à Kharkiv. Les Russes forment un arc autour de la ville. Les affrontements sont d’une très forte intensité. Chaque jour, on craint une avancée significative de l’armée ennemie jusqu’à la prise potentielle de chacune des villes.

Au plus près des combats

Tout comme à Kharkiv, le centre de volontariat fournit de l’aide humanitaire aux villes et villages situés au cœur des affrontements. Il s’occupe aussi de l’évacuation des derniers habitants exténués par l’intensité de la guerre et résolus malgré eux à quitter leur monde.

Pendant cette semaine, j’accompagne les volontaires dans leurs missions. Les journées sont à peu près identiques. À 7h du matin, les volontaires viennent des quatre coins de Kramatorsk pour se retrouver en banlieue, dans ce qu’ils appellent « leur base ». Pour y accéder, il faut emprunter une route en piteux état. Sur quelque 200 mètres à l’approche de la base, la voiture roule au pas et slalome entre les divers obstacles.

La base est une immense scierie désaffectée. Le spectacle est lunaire. L’usine paraît abandonnée depuis de nombreuses années. Quelques piles de bois, quelques engins de chantier à l’abandon.

Devant l’ancienne scierie transformée en base de volontaires.

La plupart des volontaires sont déjà arrivés en minibus ou avec leur voiture personnelle. Ils font la queue…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin