Usine Geshuri, à Tulkarem. © Philippe Pernot / Reporterre

Cisjordanie : quand les engrais sont utilisés comme arme de guerre

Usine Geshuri : les fumées toxiques de la colonisation

Fayez Taneeb est maraîcher et cultive, avec sa femme Mona, des terres agricoles en Cisjordanie. Son exploitation est bordée d’un côté par le mur de séparation avec Israël, et de l’autre par les usines d’engrais de l’industrie chimique Geshuri, classées « Seveso ».

L’usine Geshuri était initialement implantée en Israël, puis elle a été fermée en 1982 suite à des plaintes de riverains en raison des fortes pollutions qu’elle rejetait. Après sa fermeture, l’usine a alors été reconstruite en 1987 en Cisjordanie, pour que les vents de fumées toxiques ne portent plus vers Israël mais vers la Palestine. Une vingtaine d’années plus tard, en 2003, près de la moitié de l’exploitation de Fayez a été confisquée pour faire place à la construction du mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie. Aujourd’hui, la ferme de Fayez est donc prise en tenaille entre le mur et l’usine.

« Les vents d’ouest soufflent 320 jours par an et rabattent les fumées toxiques vers la Palestine et lorsque, pendant 40 jours par an, les vents tournent vers Israël, la production est alors arrêtée. »

Les terres agricoles de Fayez sont non seulement polluées par les fumées toxiques, mais elles sont aussi traversées par des canaux d’eaux contaminées rejetées par l’usine. Tous les ans, pendant la saison des pluies, les eaux polluées par l’usine ruissellent à travers l’exploitation de Fayez, mais leur écoulement est bloqué par le mur de séparation avec Israël. « Tous les ans, mes arbres et mes plantes meurent à cause de cette eau qui stagne sur mes terres », raconte Fayez.

Plusieurs rapports d’expertise relèvent dans l’eau et l’air de la région des taux de nitrate, d’ammoniaque, d’acide sulfurique et de souffre bien trop élevés. Depuis la construction du complexe industriel, une explosion du nombre de cancers et de maladies respiratoires a été…

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Auteur: Julia Orain